juillet 12, 2014

Les vieilles bouteilles

Par David Brandt Berg

Pour rester en vie, il faut impérativement rester en mouvement. Il faut qu’il y ait du changement, du mouvement, de l’action. Les signes de vie sont principalement reconnaissables au mouvement, à l’action. Il n’est pas question de rester immobile. Pour rester en vie, tout mouvement doit constamment changer, se renouveler, renaître de ses cendres, bouger et agir.

On raconte qu’Alexandre le Grand mourut en pleurant parce qu’il n’y avait plus de mondes à conquérir. Alors qu’il n’avait même pas conquis la moitié du monde ! Une grande partie du monde n’avait pas encore été découverte ; il n’en avait conquis qu’une petite partie qui s’étendait de la Grèce à l’Inde. Mais comme il avait découvert et conquis tout le monde connu de son époque, ce qu’on considérait comme important ou ayant de la valeur, il s’imaginait que c’était tout ce qui valait la peine de conquérir.

Il se trouve qu’il n’avait pas conquis Rome, la nation émergeante, la future puissance mondiale qui allait bientôt conquérir la totalité de son empire. Rome finit par conquérir la Grèce et fonder un empire bien plus vaste que le sien – qui englobait l’Angleterre, l’Espagne et d’autres pays dont Alexandre n’avait jamais entendu parler. Pourtant, il mourut le cœur brisé, en pleurs parce que sa conquête du monde était terminée, la révolution s’arrêtait là. Il était aveuglé par son égoïsme et par l’ivresse du pouvoir, des conquêtes et de la gloire tout autant que par l’alcool. On raconte qu’il mourut en pleurant qu’il n’y avait plus aucun monde à conquérir, alors qu’il n’avait même pas entendu parler de la plus grande partie du monde qui attendait d’être découverte.

La raison pour laquelle les gens commencent à se reposer sur leurs lauriers et à se ranger, c’est tout simplement parce qu’ils ont perdu la vision qui les animait. Et quand ils perdent la vision, ils perdent la foi. Quand ils perdent la foi, ils n’ont plus envie d’aller de l’avant; ils deviennent le contraire de pionniers. Les gens qui cessent d’aller de l’avant parce qu’ils n’ont plus la foi de découvrir de nouveaux mondes, de faire quelque chose de différent ou d’innover, ont perdu la vision ; et sans vision, le peuple dépérit.[1]

C’est le fait de passer à l’offensive et d’attaquer qui donne la victoire. Dès l’instant qu’une armée cesse d’attaquer pour se reposer sur ses lauriers, elle s’expose à la défaite, parce que l’ennemi en profitera pour lancer une contre-attaque Ou alors, c’est l’immobilisme de l’armée, et son manque de vision et d’initiative, qui lui feront perdre foi en sa cause et l’amèneront à baisser les bras et à admettre la défaite, sans même avoir été vaincue.

C’est une des tactiques préférées du diable. Le diable ne peut jamais gagner. Le seul moyen pour lui d’obtenir la victoire, c’est de vous persuader d’abandonner, en vous disant que vous vous battez pour une cause perdue ; alors vous feriez aussi bien de laisser tomber et de vous rendre, pour lui laisser le champ libre. « C’est peine perdue ! » dit-il. C’est le seul moyen qu’il a de nous conquérir : c’est de nous persuader de baisser les bras et nous faire perdre la foi de passer à l’offensive; c’est que nous cessions d’aller de l’avant, de gagner du terrain, de gagner des nouveaux convertis, et d’aller de victoire en victoire. Les gens qui ont cette attitude défaitiste sont déjà vaincus parce qu’ils ont perdu la bataille de l’esprit ! Ils ont baissé les bras en se laissant gagner par le découragement.[2] En partant de là, on peut retracer la réaction en chaîne en sens inverse de ce qui vous avait fait de vous un pionnier et un innovateur. Vous avez perdu l’initiative de la bataille, vous êtes abattu et découragé parce que vous avez perdu la foi, et vous avez perdu la foi parce que vous avez perdu la vision.

Quelles sont les quatre qualités qui font d’un homme un pionnier? Avant tout, il a une vision. La vision vous donne la foi. La foi vous donne le courage. Et une fois armé de courage, vous passez à l’action, vous innovez et vous avancez !

Sans la vision, le peuple se laisse aller et dépérit. Comment perd-on la vision ? Quelque part, le contact avec la source de puissance a été rompu. Quelque part, il y a eu rupture de communication avec Dieu : votre ligne de communication personnelle, directe et intime, avec Dieu, a été rompue.

Si vous avez perdu l’esprit de pionnier et que vous avez cessé d’avancer pour instaurer le royaume de Dieu sur terre, si vous vous reposez sur vos acquis, si vous êtes satisfait avec ce que vous avez et que vous n’avez plus envie de progresser jusqu’à ce que le royaume soit véritablement établi sur la terre, que la justice recouvre la terre comme les eaux recouvrent les mers, et jusqu’au retour de Jésus, vous êtes déjà en train de perdre du terrain.

Jésus est mort, Il a donné sa vie et a fondé une nouvelle église. Tant que ses disciples avaient la vision et qu’ils étaient en contact intime avec le Seigneur, ils bouleversèrent le monde, et ils renversèrent l’Empire romain en propageant la bonne nouvelle de l’Évangile ! Mais quand ils ont cru avoir atteint le sommet après s’être emparés du pouvoir temporel de Rome, ils sont devenus l’Église catholique romaine ; à partir de ce moment-là, l’église a gouverné Rome et elle est devenue le Saint Empire romain.

L’église était à l’apogée de sa gloire et ses dirigeants étaient satisfaits. Ils avaient le pouvoir, la richesse et la gloire. Ils avaient conquis le monde ou, en tout cas, tout ce qui avait de l’importance dans le monde. Désormais, l’église gouvernait le monde – toute l’Europe et toute la partie du monde civilisé et développé qu’ils considéraient comme importante. Arrivés là, ils étaient plutôt satisfaits de ce qu’ils avaient accompli, et ils ont cessé de progresser. Il se trouve qu’ils n’avaient même pas conquis l’Inde ni la Chine ni la Russie ni les Amériques ni les îles tropicales, mais ils ont tellement ralenti qu’ils en sont pratiquement arrivés au point mort.

À la minute où nous en arrivons à la conclusion que l’église est arrivée et que nous sommes satisfaits qu’elle ait atteint son objectif, attention! Personnellement je ne serai jamais satisfait tant que tout le monde ne sera pas sauvé – ce qui n’est pas près d’arriver, cela va de soi. Mais il me tarde de voir le jour où tout le monde, ou presque, sera sauvé – en tout cas, quand il ne restera plus grand monde, voire personne, en enfer ; et à mon avis, c’est à ce moment-là que Dieu sera satisfait, Lui aussi. Mais nous n’en sommes pas là!

Nous avons beaucoup de sujets de satisfaction, mais nous avons encore beaucoup de travail qui nous attend ! Il ne nous reste pas seulement quelques années, mais des milliers d’années! Certains attendent le retour de Jésus parce qu’ils pensent qu’Il va régler tous leurs problèmes, mais dans l’éternité, nous aurons toujours des responsabilités. Si vous croyez qu’une fois que les gens seront retournés auprès du Seigneur, leur travail sera terminé, nous pouvons vous prouver, Bible à l’appui, que ce n’est pas du tout le cas ! D’après tout ce que nous pouvons lire dans la Bible, le monde de l’esprit bourdonne d’activité, plus encore qu’ici-bas. Nous prendrons du repos, dans l’esprit si l’on peut dire, mais comme les anges, nous continuerons notre service et notre combat.

Nous sommes loin d’être arrivés au bout de la route ; la mort sera en quelque sorte un passage dans la classe supérieure, et nous pouvons louer Dieu pour cela ! Pour l’instant, nous sommes encombrés par notre corps, mais dans l’esprit, nous n’aurons plus à porter ce poids. Vous ne serez plus alourdi par la chair ni accablé par les problèmes de cette vie ici-bas. Vous serez passés dans la catégorie supérieure. Mais quand vous passez dans la classe supérieure, le travail et les devoirs deviennent un peu plus difficiles, et vous vous retrouvez avec un peu plus de responsabilités, et de nouvelles tâches que vous n’aviez pas auparavant. Avec de nouvelles aptitudes viennent de nouvelles responsabilités, et vous aurez des pouvoirs accrus pour faire face à ces nouvelles responsabilités.

Le travail ne sera même pas terminé, ni au ciel ni dans la cité céleste après le Millénium. Nous continuerons à servir Dieu et il y aura encore beaucoup à faire : la rédemption totale, la réconciliation universelle, la restauration cosmique. Paul a parlé de ces choses qui sont également mentionnées dans le livre de l’Apocalypse, mais tout ne sera pas encore achevé lorsque vous arriverez dans la cité céleste. Il y aura des rois et des nations qui auront besoin de guérison. (Vous pouvez le lire dans Apocalypse 21:24 à 22:2.)

Le ciel ne sera pas la fin de tout ; en fait, ce ne sera que le commencement. Dieu seul sait tout ce que nous devrons encore conquérir une fois que nous aurons conquis la terre et gagné les âmes de tous les gens qui auront vécu, et une fois que nous aurons résolu tous ces problèmes. Qui sait quels nouveaux mondes nous allons conquérir, quels univers nous serons amenés à découvrir et à atteindre.

Mon idée du ciel ne consiste certainement pas à flotter sur un nuage en jouant de la harpe. Ce serait plutôt mon idée de la mort! L’inactivité totale, l’absence de mouvement, le repos total : c’est ça la mort ! Et j’ai bien l’impression que ce n’est pas non plus l’idée que Dieu se fait du Ciel. Son univers est perpétuellement en mouvement, Il ne s’arrêtera jamais. Nous allons continuer d’avancer jusqu’au retour du Christ et au Millénium, et ensuite nous continuerons jusqu’à la cité céleste et jusque dans l’espace intersidéral, et Dieu seul sait jusqu’où nous irons. Et nous savourerons chaque minute de cette course, si nous sommes des serviteurs fidèles.

Nous ne sommes pas au bout de la route. En fait, si l’on en croit la Bible, pour nous, il n’y aura pas de fin. L’éternité n’a pas de fin !

Première publication : juillet 1973. Adapté et réédité le 16 juin 2014. Traduit de l’original anglais « Old Bottles », par Bruno et Françoise Corticelli.

[1] Cf. Proverbes 29:18.

[2] Cf. Hébreux 12:3.

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