Jésus est notre réconfort dans les moments de deuil
Par J. R. Miller
Beaucoup de gens qui sont endeuillés, bien qu’ils croient à la doctrine d’une résurrection future, n’en retirent hélas, aucun réconfort. Jésus assura à Marthe que son frère allait ressusciter. « Oui, je sais qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour »[1], Lui répondit Marthe. Mais c’était un espoir un peu trop lointain pour qu’elle en tire un vrai réconfort. Son chagrin et son sentiment de perte l’emportaient sur tout autre sentiment et pensée. Elle avait un besoin impérieux de la présence du frère qu’elle venait de perdre. Celui qui a pleuré la perte d’un être cher sait bien que le fait de croire sincèrement à la résurrection future de ceux que l’on vient de mettre en terre, n’apporte pas toujours le réconfort dont on a désespérément besoin.
La réponse du Maître au cri du cœur de Marthe est riche d’un grand réconfort: « Je suis la résurrection. »[2] C’est une des merveilleuses promesses de l’espérance chrétienne exprimée au temps présent. Pour Marthe, l’espoir de la résurrection n’était qu’une lointaine et vague consolation. « Je suis la résurrection », disait Jésus. La résurrection au temps présent, et non pas dans un futur plus ou moins éloigné. Ses paroles embrassaient la merveilleuse vérité de l’immortalité. « Celui qui vit et croit en Moi ne mourra jamais. »[3] La mort n’a pas de prise sur ceux qui sont unis à Jésus. Le corps physique meurt, mais la personne continue de vivre. La résurrection aura lieu dans le futur, mais il n’y a aucune rupture dans la vie de ceux qui croient en Jésus-Christ. Il n’est pas parmi nous, on ne peut pas Le voir, ni L’entendre, ni Le toucher physiquement; pourtant Il vit, Il pense, Il ressent des émotions, Il se souvient et Il nous aime. Dans la mort, aucun de ses pouvoirs n’a été neutralisé, aucune beauté ternie ni aucune faculté détruite.
Cela fait partie du réconfort que Jésus apportait à ses amis endeuillés. Il leur promettait que, pour le croyant, la mort n’existe pas. Pour ceux qui demeurent ici-bas, il reste la douleur de la séparation et la solitude ; mais pour ceux qui ont quitté ce monde, nous n’avons pas besoin de nous inquiéter.
Comment Jésus réconforte-Il ceux qui restent ? Le récit du deuil et du chagrin de cette famille de Béthanie nous donne la réponse à cette question. Vous allez me dire : Il les a consolés en ressuscitant Lazare, en annulant ni plus ni moins l’œuvre de la mort et en effaçant leur chagrin. Si seulement Il pouvait faire la même chose aujourd’hui, chaque fois qu’un cri d’amour et de désespoir se fait entendre, ce serait vraiment un réconfort. » Mais n’oublions pas que le retour de Lazare chez lui n’était qu’une restauration temporaire. Il retourna à son ancienne vie de mortel ; une vie faite de tentations, de maladie, de peine et de mort. Il dut repasser par le mystère de la mort, et la seconde fois, ses sœurs ne purent échapper à l’expérience douloureuse de la séparation et de la solitude. C’était un sursis qui ne faisait que repousser l’heure de l’ultime séparation.
Mais en plus, Jésus a donné aux sœurs de Lazare un vrai réconfort. Sa présence même les a réconfortées. Elles savaient qu’Il les aimait. Auparavant, chaque fois qu’Il leur rendait visite, Il leur apportait des bénédictions. Elles se sentaient en sécurité et en paix, en sa présence. Leur chagrin même s’est quelque peu atténué lorsqu’elles ont aperçu son visage plein de lumière. L’amour et la tendresse humaine ont le pouvoir de nous réconforter. Il nous est plus facile de surmonter une dure épreuve lorsqu’un ami se tient à nos côtés. Le croyant peut endurer n’importe quelle peine si Jésus est avec lui.
Le problème, c’est que trop souvent nous ne reconnaissons pas la présence du Maître alors qu’Il est tout près de nous ; et nous passons à côté du réconfort de son amour. Marie était accablée de chagrin devant le tombeau vide ; elle implorait le Seigneur, qui se tenait à côté d’elle, mais elle ne L’avait pas reconnu, « pensant que c’était le jardinier. »[4] Toutefois, un peu plus tard, elle entendit la voix familière du Seigneur prononcer son nom, et son chagrin se transforma immédiatement en joie. Ainsi donc, nous sommes souvent plongés dans un abîme de chagrin, cherchant désespérément à recevoir du réconfort et de l’amour, alors que le Christ se tient tout près de nous, plus proche qu’un ami humain. Si seulement nous pouvions sécher nos larmes et lever les yeux vers Lui, avec foi, notre âme serait inondée de son merveilleux amour, et notre peine disparaîtrait dans la plénitude de notre joie. Ne doutons jamais un seul instant de la présence du Christ à l’heure de l’épreuve; si nous ne sommes pas consolés, c’est uniquement parce que nous ne sommes pas conscients de sa présence.
Ainsi, la grande compassion que Jésus éprouvait pour ces deux sœurs accablées de chagrin contribua beaucoup à les réconforter. Il fit preuve de beaucoup de douceur dans la façon dont Il s’adressa à l’une puis à l’autre. Le chagrin de Marie était plus grand que celui de Marthe, et lorsque Jésus vit qu’elle pleurait, Il fut profondément bouleversé et ne put dominer son émotion. Et à ce moment-là, le verset le plus court de la Bible nous permet de voir Jésus à cœur ouvert et nous donne une idée de son immense et merveilleuse compassion.
« Jésus pleura. »[5] C’est très réconfortant, lorsqu’on est en proie à un grand chagrin, de recevoir des marques de sympathie et de savoir que quelqu’un compatit et partage notre peine. Les deux sœurs auraient surement ressenti un grand réconfort si Jean, Pierre ou Jacques, étaient venus se recueillir sur la tombe de Lazare. Mais les larmes du Maître avaient une bien plus grande valeur. Elles étaient la marque de la plus profonde compassion que le monde ait connue – le Fils de Dieu pleurant avec ces deux sœurs, et partageant leur immense peine.
Ce verset, le plus court de la Bible, n’est pas un simple élément du récit : il nous dévoile pour l’éternité Jésus à cœur ouvert. Chaque fois qu’un chrétien est accablé de chagrin, Jésus est là, à ses côtés, invisible, et Il partage son chagrin. C’est un immense réconfort de savoir que le Fils de Dieu souffre avec nous, qu’Il partage notre affliction, et qu’Il compatit à nos faiblesses. Forts de cette assurance, nos épreuves sont plus faciles à endurer.
Il y a un autre aspect qui en dit long dans la façon dont le Christ réconforte ses amis. La compassion humaine est un sentiment. Nos amis s’associent à notre chagrin; ils nous font part de la peine qu’ils éprouvent pour nous, pourtant ils ne peuvent pas faire grand-chose pour nous aider. Mais à Béthanie, Jésus manifesta sa compassion d’une manière très pratique. Non seulement Il montra qu’Il aimait ses amis en venant de l’autre rive du Jourdain, pour être à leurs côtés dans leur épreuve; non seulement Il exprima son amour en leur adressant des paroles de réconfort divin qui n’ont cessé, depuis lors, de retentir dans le monde ; non seulement Il partagea leur peine en pleurant avec elles, mais Il accomplit son plus grand miracle pour leur rendre la joie et le bonheur.
Nul doute que des milliers d’autres amis de Jésus, endeuillés eux aussi, auraient aimé qu’Il les réconforte de la même façon, en leur rendant leur bien-aimé. Parfois, ce qu’Il fait revient pratiquement au même : Il exauce nos prières en épargnant la vie de personnes qui nous sont chères et qui sont à l’article de la mort. Quand nous prions pour le rétablissement d’amis malades, si nous voulons prier convenablement, nous devrions toujours terminer notre prière en disant : « Toutefois que ta volonté soit faite, et non la mienne. »[6] Nous arrivons même à soumettre les plus fortes passions de notre affection dans la tranquille assurance de la foi. S'il s’avère que ce ne serait pas bénéfique pour la personne qui nous est chère, si ce n’est pas ce que Dieu souhaite, alors… « Que ta volonté soit faite. » Dès lors que nous prions ainsi, et quelle que soit l’issue de la maladie, nous devons croire que Dieu a choisi la meilleure option. Si nos amis quittent ce monde, nous sommes merveilleusement réconfortés parce que nous avons l’assurance que c’était la volonté de Dieu. S’ils se rétablissent, c’est que le Christ a décidé de nous les rendre, comme Il a rendu Lazare à Marthe et à Marie.
Il importe que nous comprenions clairement ce qu’est le chagrin ; de sorte que, si nous devons souffrir, nous retirions de cette expérience une bénédiction plutôt que d’en garder une blessure. Chaque peine, chaque chagrin que nous éprouvons dans la vie, nous apporte quelque chose de bon de la part de Dieu. En Jésus-Christ, nous avons une source infinie de consolation, et il nous suffit d’ouvrir notre cœur pour la recevoir. Alors, nous affronterons la peine en étant soutenus par l’amour divin ; nous ressortirons grandis et bénis de l’épreuve, et notre caractère s’en trouvera enrichi. Nos chagrins nous mettent en situation d’apprendre des leçons, et il est dans notre intérêt d’en tirer les enseignements que le Maître cherche à nous transmettre. Chaque peine recèle la graine d’une bénédiction —nous devrions donc veiller à ce que cette graine ait l’occasion de pousser, pour que nous puissions en récolter les fruits. Derrière chaque larme se cache un arc-en-ciel, mais il faut que le rayon de soleil illumine la goutte de cristal pour en révéler toute la splendeur.
Extraits de Le ministère du réconfort (Hodder & Stoughton, 1901). Publié sur le site Anchor, le 25 octobre 2013. Traduit de l’original anglais « Jesus is our Comfort in Times of Grief » par Bruno et Françoise Corticelli
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