Marie et Joseph
[Mary and Joseph]
Par Peter Amsterdam
Marie, la mère de Jésus, la cinquième femme de l’arbre généalogique du Seigneur, est dans la catégorie hors-normes. Le monde dans lequel Marie a grandi était très différent du nôtre. Les femmes se mariaient beaucoup plus tôt, habituellement entre 12 et 16 ans. Les hommes étaient censés se marier aux environs de 16 ans. En ce temps-là, les mariages comportaient des négociations financières entre le futur mari et le père de l’épouse. La première étape avant le mariage était les fiançailles. Un couple était fiancé quand l’homme donnait à la femme une lettre ou une pièce de monnaie, même petite, en personne ou par l’intermédiaire d’un messager. Il lui fallait aussi déclarer expressément, et devant témoins, qu’il avait l’intention de faire de la femme son épouse.
Au moment des fiançailles le contrat de mariage était écrit et approuvé par les deux parties. C’était essentiellement un contrat indiquant la somme d’argent et les biens que le père de la mariée donnerait au jeune époux. La dot était également fixée à ce moment-là.
Les fiançailles étaient un engagement majeur et elles constituaient une union légale. Une fois que la femme était fiancée, elle était considérée comme la compagne de l’homme d’un point de vue légal. Toutefois, elle continuait à vivre dans la maison de son père pendant un an, et durant cette période, les fiancés n’avaient aucune relation sexuelle. Pour rompre des fiançailles, il fallait divorcer. Si le mari mourait, la femme était considérée comme sa veuve. Si une femme fiancée couchait avec un autre homme, c’était considéré comme un adultère, et d’après la loi mosaïque, tous deux pouvaient être lapidés jusqu’à ce que mort s’ensuive.[1] La vraie cérémonie de mariage avait lieu plus tard, et c’était à ce moment que l’épouse déménageait pour aller vivre avec son mari.
C’est pendant la période de fiançailles de Marie, après l’établissement du contrat avec Joseph, que l’ange Gabriel rendit visite à Marie et lui déclara qu’elle avait trouvé faveur auprès de Dieu ; il lui expliqua qu’elle enfanterait un fils qui serait Le fils du Très-Haut. Elle demanda comment elle pourrait concevoir un fils, vu qu’elle était vierge. Gabriel lui dit que le Saint-Esprit viendrait sur elle, et que la puissance du Très-Haut la couvrirait de son ombre. Gabriel lui révéla que sa grossesse viendrait de Dieu et que cela n’aurait rien à voir avec un homme.[2] En somme, il dit que le Saint-Esprit, qui est la puissance du Très-Haut, la ferait tomber enceinte d’une façon qui n’était possible que par l’œuvre créatrice de Dieu.
De toute évidence, Marie avait une décision à prendre. Si elle acceptait ce que l’ange lui disait, elle serait enceinte durant sa période de fiançailles, avant même de vivre avec son mari. Joseph présumerait naturellement qu’elle l’avait trompé avec un autre homme, et il divorcerait. Elle courait aussi le risque d’être lapidée à mort.
Même si elle ne se faisait pas lapider lorsqu’on découvrirait qu’elle était enceinte, tout le monde au village saurait qu’elle attendait un bébé, et elle serait déshonorée et considérée comme adultère. Si elle consentait à faire ce que l’ange lui demandait, elle ferait à tout le moins énormément de peine son mari, elle causerait de sérieux dommages à sa réputation, elle couvrirait ses parents et sa famille de honte, et porterait gravement atteinte à sa relation avec la communauté de son village.
Marie devait prendre une décision, décision qui aurait de graves répercussions. Comme les quatre femmes de l’Ancien Testament avant elle, son union serait considérée comme anormale et entachée de scandale. Mais comme elles, elle jouerait un rôle dans la venue au monde du Messie. Marie accepta les conséquences de sa décision en disant : « Je suis la servante du Seigneur. Que tout ce que tu m’as dit s’accomplisse pour moi. »[3] C’était un pas de foi considérable de sa part. Et les répercussions ne se firent pas attendre.
Lorsqu’il apprit qu’elle était enceinte, Joseph fut effondré. La Bible nous dit qu’il réfléchissait à ces choses. Le terme grec traduit par réfléchissait vient du mot thumos, qui signifie entre autre « passion, colère, bouillonnement de fureur. »
En découvrant que Marie était enceinte, il est probable que sa réaction naturelle fut une réaction de colère ; il devait penser qu’elle l’avait trahi, et se demandait avec qui elle avait couché, pourquoi elle avait fait cela, et ce qu’il devait faire. Il n’avait aucune raison de penser qu’elle ne lui pas avait été infidèle. Il savait que ce n’était pas lui qui l’avait mise enceinte.
Dans l’esprit de Joseph, il ne faisait aucun doute que Marie avait rompu ses vœux de mariage et commis un adultère, mais la Bible dit que c’était un homme juste. Il ne voulait pas faire de scandale public et la livrer au déshonneur, et par conséquent il décida de divorcer d’elle en secret. Il était en colère, mais il parvint à sublimer cette colère et à la transformer en miséricorde et en grâce.
C’est après avoir pris la décision de divorcer mais de ne pas dénoncer Marie qu’il fit un rêve dans lequel un ange lui apprit que l’enfant était le fruit du Saint-Esprit et qu’il ne devait pas craindre d’épouser Marie. Joseph dut prendre une décision à ce moment-là : devait-il croire son rêve ? S’il le faisait, les gens suspecteraient quand même que l’enfant n’était pas le sien, puisqu’il serait né trop tôt.
Comme Marie, Joseph dut faire un pas de foi. Dieu lui montra quoi faire, et il dut choisir entre croire ou ne pas croire, entre faire confiance à Dieu ou pas. Heureusement, il eut la foi et le courage de croire et d’agir en fonction de ce que Dieu lui avait montré.
Joseph savait qu’il n’était pas le père naturel de l’enfant, mais à cette époque quand un père déclarait qu’un enfant était le sien et qu’il donnait un nom à l’enfant, celui-ci devenait son enfant de plein droit. Comme Joseph était un descendant direct du Roi David, son mariage avec Marie plaçait Jésus dans la lignée ancestrale du Roi David, comme l’avaient prédit les prophéties de l’ancien testament.
Marie et Joseph prirent tous deux la décision difficile de se soumettre à Dieu. Chacun d’eux dut faire face à un terrible dilemme personnel. Marie choisit de faire ce que Dieu lui demandait au risque de mettre sa vie en danger et de perdre sa réputation, tout en sachant que cela ferait une immense peine à l’homme qu’elle aimait. Joseph fut consterné d’apprendre que sa future épouse était enceinte et que l’enfant n’était pas de lui ; il le ressentit comme une trahison et éprouva de la colère et de la confusion. Il décida d’abord de la protéger en divorçant secrètement, puis se ravisa après le rêve, et décida de se marier quand même avec elle.
Marie et Joseph firent preuve d’une grande foi et de beaucoup de courage. Tous deux choisirent de suivre Dieu en dépit des risques encourus. Ainsi, ils permirent à Dieu de les utiliser pour accomplir sa promesse suivant laquelle Il bénirait le monde entier à travers la descendance d’Abraham et de David. Et comment cela est-il arrivé ? Par la venue de Dieu le Fils dans le monde grâce à une conception miraculeuse. Et comment cela est-il arrivé ? L’ange Gabriel annonça à Marie que le Saint-Esprit descendrait sur elle, et que la puissance du Très-Haut la couvrirait de Son ombre, et ainsi son enfant serait le Fils de Dieu.[4]
Bien sûr, personne ne sait exactement comment c’est arrivé de même que personne ne sait exactement comment Dieu a créé l’univers. Ce que nous savons c’est que Dieu a créé un être humain doté de deux natures, l’une divine, l’autre humaine, et qu’Il était pleinement Dieu et pleinement homme. Cela n’était jamais arrivé auparavant, et ça ne s’est jamais reproduit.
Marie est tombée enceinte sans l’intervention d’un homme. Luc dit simplement que le Saint-Esprit, la puissance de Dieu, est descendue sur Marie et l’a couverte de son ombre. Il utilisa le même terme, couvert de son ombre, quand il décrivit la transfiguration du Christ en disant qu’une nuée vint le couvrir et qu’une voix sortie de la nuée dit : « Celui-ci est mon Fils, celui que j'ai choisi. Ecoutez-le! »[5] L’Esprit de Dieu couvrit Marie et, par un processus créateur, engendra l’élu, l’homme-Dieu, Jésus-Christ.
C’est parce que Joseph accepta de faire ce que Dieu lui avait montré que l’enfant de Marie put naître fils de David. C’est parce que Marie accepta de se soumettre à la volonté de Dieu qu’elle enfanta le Fils de Dieu. Et c’est parce que Jésus, le Fils de Dieu, se soumit à la volonté de son Père, que l’humanité fut rachetée.
Noël est une période de joie où nous célébrons la naissance de notre sauveur. C’est une célébration du plus merveilleux don de Dieu pour l’humanité.
Faisons notre possible en cette période de Noël pour apporter Jésus aux autres, par nos paroles et nos actions, par des actes de gentillesse et de miséricorde. Soyons ouverts à ce que Dieu pourrait nous montrer, et envers ceux vers lesquels Il pourrait nous guider.
Nous pourrions nous trouver dans des situations où il serait risqué, difficile, ou embarrassant d’expliquer la signification de Noël ; nous pourrions être timides ou incertains de l’accueil qui nous sera réservé. Si c’est ce que nous ressentons ou si nous hésitons à réagir à un signal de Dieu, souvenons-nous de Marie et de Joseph. Parfois, Dieu nous appelle à faire un pas de foi, à suivre la voie que nous indique son Esprit, et à prendre un risque pour apporter l’amour de Jésus aux autres.
Première publication: décembre 2012. Adapté et réédité le 6 décembre 2016. Traduit de l’anglais par Bruno et Françoise Corticelli.
[1] Joachim Jeremias, Jerusalem in the Time of Jesus [Jérusalem à l’époque de Jésus] (Philadelphia: Fortress Press, 1969), 367–68.
[2] Luc 1:35
[3] Luc 1:38 BDS
[4] Luc 1:34–35.
[5] Luc 9:34–35.
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