Cultiver un état d’esprit de gratitude
[Developing a Gratitude Mindset]
Peter Amsterdam
Devenir plus semblable au Christ, c’est devenir un meilleur chrétien par une application plus intentionnelle des enseignements de l’Écriture, associée à la conduite et la grâce du Saint-Esprit. Cette pratique de l’Écriture se fait suivant deux axes : premièrement, elle nécessite de se débarrasser de toute mauvaise conduite, de croire que ce que la Bible appelle le péché est vraiment un péché auquel il faut résister et qu’il faut vaincre dans la mesure du possible. Deuxièmement, elle nous enjoint de nous revêtir du Christ (Romains 13.14), d’adopter les vertus de fidélité et d’attachement à Dieu prônées par les Écritures, le fruit de l’Esprit, et de vivre d’une manière qui renforce ces vertus dans notre vie.
Grandir dans la fidélité et l’attachement à Dieu est la quête de toute une vie. Cela exige un changement intentionnel, un engagement et une volonté de faire régulièrement des efforts pour modifier positivement nos actions, nos pensées, nos désirs et nos points de vue. C’est une transformation spirituelle et un renouvellement de l’esprit ; c’est devenir une nouvelle création et être déterminé « à vous débarrasser du vieil homme qui correspond à votre ancienne manière de vivre … à vous laisser renouveler par l’Esprit dans votre intelligence, et à vous revêtir de l’homme nouveau, créé selon Dieu dans la justice et la sainteté que produit la vérité » (Éphésiens S21).
Dans son livre Cultivating Christian Character [Cultiver une moralité chrétienne], Michael Zigarelli a mené une enquête auprès de 5 000 chrétiens et a repéré des caractéristiques indiquant quelles sont les vertus qui semblent contribuer à la croissance et au développement d’une moralité chrétienne. Il identifie trois attributs qui apparaissent comme des composants majeurs dans le développement d’une moralité chrétienne ; ce sont la gratitude, la joie de vivre et le fait de se centrer sur Dieu.[1]
On retrouve cette combinaison de joie, de gratitude et d’être centré sur Dieu dans ce que l’apôtre Paul a écrit : « Soyez toujours joyeux. Priez sans cesse, exprimez votre reconnaissance en toute circonstance, car c’est la volonté de Dieu pour vous en Jésus-Christ » (1 Thessaloniciens 5.16–18 S21).
La gratitude s’exprime dans les Écritures par la reconnaissance et l’action de grâces. Cela repose sur le concept selon lequel, partout et en toutes situations, le peuple de Dieu doit continuellement rendre grâce à Dieu qui les a créés et rachetés. Dans l’Ancien Testament, pour dire merci, le plus souvent c’est le mot hébreu todah qui est employé, lequel est traduit par remerciement, reconnaissance et actions de grâce. C’est aussi la façon dont on dit « merci » en hébreu moderne. Le mot todah apparait le plus souvent dans le livre des Psaumes qui contient un grand nombre de louanges et d’actions de grâce à Dieu.[2]
Le Nouveau Testament contient également un grand nombre d’expressions de reconnaissance envers Dieu, ainsi que des instructions dans ce sens. Nous lisons l’exemple de Jésus qui rendait grâce et des croyants qui rendaient grâce au Christ (Matthieu 11.25, 26.27; Jean 11.41). De fait, on nous demande de remercier Dieu à tout moment et pour tout (Éphésiens 50.20). La gratitude est censée être une habitude de vie. Bien sûr, nous exprimons notre gratitude à d’autres personnes, mais nous adressons notre gratitude ultime à Dieu qui nous a donné la vie.
Lorsque nous nous efforçons de cultiver la gratitude, notre vision de la vie s’en trouve modifiée car, avec le temps, elle génère un nouveau contexte ou un nouveau filtre au travers desquels nous décodons les situations dans lesquelles nous nous trouvons. Nous commençons à considérer nos expériences et tout ce que nous avons à la lumière de l’amour de Dieu, ce qui nous amène à être reconnaissants. Cela change la façon dont nous envisageons les choses, car nous reconnaissons que, quelle que soit notre situation, cela pourrait être pire, mais ce n’est pas le cas. Cela ne veut pas dire que nous ne faisons pas ce que nous pouvons pour améliorer notre situation, mais nous ressentons de la gratitude et sommes reconnaissants pour ce que nous avons ; parce que nous sommes en vie, et que même si nous ne vivons pas dans l’abondance et que nous n’avons pas tout ce que les autres ont, nous avons suffisamment.
D’une certaine manière, la gratitude est un état d’esprit, une manière de voir le monde. Quelle que soit notre situation, nous choisissons de voir les choses en étant reconnaissants à Dieu de son amour, de sa sollicitude et de sa providence. Au lieu de nous comparer aux autres ou de nous lamenter sur notre sort, nous remercions Dieu pour tout ce que nous avons. Cela impose de penser différemment, de fixer nos pensées sur nos bénédictions plutôt que sur ce qui nous manque et au lieu d’avoir l’attitude qui consiste à se dire que la vie serait tellement meilleure « si seulement... » La gratitude nous incite à nous accommoder à toutes les situations et toutes les circonstances et à remercier le Seigneur régulièrement pour nos bénédictions, qu’elles soient petites ou abondantes.
Cultiver un état d’esprit de gratitude exige de conditionner notre esprit à rejeter les pensées qui nous font être mécontents de notre situation. Plus nous nous comparons aux autres, et plus nous convoitons ce qu’ils ont, moins nous serons contents de notre situation, ce qui nous rend aveugles à l’amour et à la sollicitude de Dieu pour nous, et en plus cela nous empêche d’apprécier ce qu’Il a fait et continue de faire pour nous. Si nous ne nous débarrassons pas des pensées envieuses et mécontentes, nous serons pris au piège dans un état d’esprit qui nous prive de la joie et du bonheur qui découlent de la conscience des bénédictions et de la présence de Dieu.
L’enquête de Zigarelli a révélé que les chrétiens qui avaient un niveau de gratitude élevé étaient ceux qui avaient appris à se satisfaire de ce qu’ils avaient et qui désiraient rarement avoir ce que les autres avaient. Ils se rappelaient constamment, tout au long de la journée, à quel point Dieu les avait bénis. Il est intéressant de noter que les personnes interrogées qui étaient les plus reconnaissantes appartenaient généralement à une catégorie socio-économique inférieure, de sorte que ce n’étaient pas leurs possessions matérielles qui expliquaient ou justifiaient leur gratitude.
Cultiver un état d’esprit de gratitude repose sur la confiance en l’amour indéfectible de Dieu pour nous. Il est souvent difficile d’éprouver de la gratitude lorsque nous faisons face à l’adversité, lorsque les choses n’ont aucun sens et que nos prières ont l’air de rester sans réponse. Or, une attitude reconnaissante n’est pas fondée sur les événements qui se produisent dans notre vie, mais elle est ancrée dans la foi que Dieu nous aime et qu’Il entend nos prières, et dans la conviction que même si les circonstances ne changent pas, il y a toujours des choses pour lesquelles nous pouvons être reconnaissants, même dans les pires situations.
L’une des façons de cultiver la gratitude est de faire l’inventaire des choses pour lesquelles vous êtes reconnaissant. Tenez un journal de gratitude : cela vous permettra de recenser vos bénédictions et de vous concentrer sur elles. Nous avons tous de nombreuses raisons d’être reconnaissants, pourtant nous prenons rarement le temps de mentionner notre reconnaissance pour ces bénédictions. Comme nous ne les reconnaissons pas, elles ne s’inscrivent pas dans notre conscience et notre esprit comme des bénédictions et des choses pour lesquelles nous sommes reconnaissants.
Il y a tellement de choses dans notre vie, petites et grandes, que nous pouvons identifier comme des bénédictions de Dieu : nos dons et nos talents, les objectifs que nous avons atteints, les occasions qui se sont présentées à nous, notre santé, et bien d’autres choses encore. Certaines de ces choses sont des bénédictions de la vie quotidienne, comme la nourriture sur la table, l’accès à l’eau courante et à des toilettes. Il y a aussi notre famille, nos amis qui nous aiment, et tous les gens qui nous ont aidés ou se sont occupés de nous d’une manière ou d’une autre. Nous avons énormément de raisons d’être reconnaissants, mais nous ne prenons pas le temps de les reconnaître. Cela peut nous aider de tenir un journal ; et ce faisant nous commençons à former notre esprit à les reconnaître, si bien que notre état d’esprit changera et que la gratitude finira par faire partie de notre identité et nous amènera à une plus grande ressemblance au Christ.
Il existe également un lien entre la confession des péchés et une plus grande gratitude. Lorsque nous confessons régulièrement nos péchés à Dieu, cela nous rappelle que nous avons des défauts et qu’Il est miséricordieux. Le fait de savoir que nous avons été pardonnés et que nous sommes les bénéficiaires de sa miséricorde engendre des sentiments de gratitude. Confesser nos péchés au Seigneur fait partie du processus qui consiste à nous dépouiller « du vieil homme et de ses manières d’agir et de revêtir l’homme nouveau qui se renouvelle pour parvenir à la vraie connaissance, conformément à l’image de celui qui l’a créé » (Colossiens 3.9–10 S21.)
Nous souvenir des pauvres dans nos prières peut aussi accroître notre gratitude. Lorsque nous prions pour ceux qui sont moins bien lotis que nous, cela nous rappelle que la vie est très dure pour certaines personnes, et nous sommes reconnaissants pour la vie que nous avons. Lorsque nous prions pour les réfugiés qui doivent tout laisser derrière eux et risquer leur vie pour rejoindre un endroit où ils seront en sécurité, cela nous aide à relativiser notre situation. Zigarelli a écrit :
Notre cadre de référence devient la pauvre veuve, l’enfant qui a faim, le père sans emploi, le nourrisson malade, le réfugié que la guerre a chassé de chez lui, le voisin du tiers-monde qui n’a ni eau courante ni électricité. Prier quotidiennement pour ces personnes est une pratique qui éclaire notre propre existence à la lumière éclatante de la providence de Dieu, en conséquence de quoi nous pouvons connaître une formidable série de retournements de situation. L’envie fait place à l’épanouissement. Le ressentiment fait place au contentement. Les griefs font place à la louange. Le catalyseur de ces transformations est la gratitude, née d’une vision plus claire des choses à la suite de cette réflexion sur le sort des pauvres.[3]
Nous qui sommes chrétiens avons la bénédiction ultime : le salut et la connaissance que nous vivrons pour toujours avec Dieu. Nous avons une relation avec le Créateur, Celui qui soutient tout l’univers. Notre Dieu est aussi notre Père qui sait de quoi nous avons besoin et qui a promis de bien s’occuper de nous. En toutes circonstances, nous sommes en sa présence. Nous devrions constamment exprimer notre gratitude et notre reconnaissance à Dieu, en « remerciant Dieu le Père en tout temps et pour tout, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ » (Éphésiens 5.20 BFC).
Première publication, janvier 2017. Adapté et réédité le 14 août 2023. Traduit de l’original par Bruno Corticelli.
Lu par Marcel Minéo.
[1] Michael Zigarelli, Cultivating Christian Character [Cultiver des traits de caractère chrétiens] (Colorado Springs: Purposeful Design Publications, 2005).
[2] E. E. Carpenter and P. W. Comfort, in Holman Treasury of Key Bible Words: 200 Greek and 200 Hebrew Words Defined and Explained (Nashville: Broadman & Holman, 2000), 188.
[3] Zigarelli, Cultivating Christian Character, 36.
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