décembre 3, 2025
[The Effects of Christianity, Hospitals and Schools]
Peter Amsterdam
Au fil des siècles, depuis le début du christianisme, les chrétiens ont souvent influencé le monde en se faisant connaître comme « une force bénéfique » au sein de leur communauté. Même si d'autres n'adhéraient pas forcément à la foi chrétienne ou ne comprenaient pas leur religion, et même lorsqu’ils étaient persécutés et calomniés, leurs actes de bienveillance et leurs bonnes œuvres brillaient aux yeux de tous et apportaient un véritable changement dans le monde de leur époque. Comme l'a déclaré l'apôtre Pierre dans son épitre : « Ayez une bonne conduite au milieu des non-croyants, afin …qu’ils remarquent votre belle manière d’agir et rendent gloire à Dieu » (1 Pierre 2.12).
(Les différents points de cet article sont tirés du livre d’Alvin J. Schmidt, Comment le christianisme a transformé le monde.[1])
Dans cet article sur l’influence du christianisme, nous examinerons l’influence profonde que le christianisme a eue sur le cours de l’histoire humaine, plus particulièrement avec la création des hôpitaux et des écoles.
Au cours des trois premiers siècles qui suivirent la mort et la résurrection de Jésus, les chrétiens subirent périodiquement de sévères persécutions, et la seule façon dont ils pouvaient s’occuper des malades était de les emmener chez eux pour les soigner. Une fois que le christianisme devint autorisé et pratiqué en toute liberté, à partir de 324 après J.-C., les chrétiens étaient en bien meilleure position d’offrir des soins médicaux aux malades et aux mourants. En 325, le concile de Nicée chargea les évêques d’établir un hospice dans chaque ville abritant une cathédrale. La fonction d’un hospice était non seulement de soigner les malades, mais aussi de fournir un abri aux pauvres et aux pèlerins chrétiens.
Cette démarche était conforme à l’enseignement de Jésus : « J’étais nu, et vous m’avez donné des vêtements. J’étais malade, et vous m’avez soigné. J’étais en prison, et vous êtes venus à moi. » Alors, les justes lui demanderont : « Mais, Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, et t’avons-nous donné à manger ? Ou avoir soif, et t’avons-nous donné à boire ? Ou étranger et t’avons-nous accueilli ? Ou nu, et t’avons-nous vêtu ? Ou malade ou prisonnier, et sommes-nous venus te rendre visite ? » Et le roi leur répondra : « Vraiment, je vous l’assure : chaque fois que vous avez fait cela au moindre de mes frères que voici, c’est à moi-même que vous l’avez fait » (Matthieu 25.36–40)
L’apôtre Pierre écrivait : « Exercez l’hospitalité les uns envers les autres, sans vous plaindre » (1 Pierre 4.9), et l’apôtre Paul disait que les responsables de l’église devraient être hospitaliers (1 Timothée 3.2) En vertu de ce principe d’hospitalité, les dirigeants de l’église étaient censés accueillir à la fois des étrangers et d’autres chrétiens dans le besoin, et cela impliquait aussi de soigner les malades et les mourants. Le premier hôpital a été construit par Saint Basile à Césarée, en Cappadoce (l’actuelle Turquie orientale), vers 369 après J.-C. Le suivant a été construit dans une province voisine, à Édesse, en 375 après J.-C. Le premier hôpital occidental a été construit à Rome vers 390 après J.-C. par Fabiola, une veuve fortunée qui était une proche de Saint Jérôme, un enseignant chrétien de premier plan. Elle fonda un autre hôpital en 398 après J.-C., à environ 80 kilomètres au sud-ouest de Rome. Saint Chrysostome (347-407), un autre Père de l’Eglise, fit construire des hôpitaux à Constantinople à la fin du IVe siècle et au début du Ve siècle. Au VIe siècle, les hôpitaux faisaient partie intégrante des monastères. Au neuvième siècle, de nombreux hôpitaux furent construits sous le règne de l’empereur Charlemagne. Au milieu du XVe siècle, 37 000 monastères bénédictins soignaient les malades et, à cette époque, il y avait déjà de nombreux hôpitaux en Europe.
S’il est vrai que les Croisés, qui menèrent huit guerres entre 1096 et 1291 pour libérer la Terre Sainte de la domination musulmane, méritent une sévère condamnation pour certains de leurs actes, il faut reconnaître qu’ils bâtirent des hôpitaux en Palestine et dans d’autres régions du Moyen-Orient. Ils fondèrent également des ordres hospitaliers dont la vocation était de soigner tout le monde, les chrétiens comme les musulmans.
Aux États-Unis, l’un des tout premiers hôpitaux fut fondé par les Quakers au début du XVIIIe siècle ; c’était l’un des deux seuls hôpitaux américains existants jusqu’au début du XIXe siècle. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, de nombreux autres hôpitaux furent construits, généralement par des églises locales et des confessions chrétiennes. Les hôpitaux portaient le nom de la dénomination qui les avait fondés, comme Baptist Hospital [Hôpital baptiste], Lutheran Hospital [Hôpital luthérien], Methodist Hospital [Hôpital méthodiste], et Presbyterian Hospital [Hôpital presbytérien], tandis que d’autres reçurent des noms comme St. John’s, St. Luke’s, St. Mary’s, etc.
Un autre domaine qui a été fortement influencé par le christianisme est celui de l’instruction publique pour tous les enfants. Aujourd’hui, les écoles publiques gratuites sont monnaie courante ; or cela n’a pas toujours été le cas. Avant le XVIe siècle, l’éducation en Europe, surtout au niveau élémentaire, était principalement financée et assurée par l’Église dans des écoles épiscopales. Malheureusement, peu de personnes savaient lire et écrire du fait que très peu de gens fréquentaient ces écoles confessionnelles.
Martin Luther (1483-1546) prônait un système scolaire public dans lequel les élèves des deux sexes recevraient un enseignement dans la langue locale dans les écoles primaires, suivi d’un enseignement en latin dans les écoles secondaires et les universités.[2] Son collaborateur Philippe Mélanchthon (1497-1560) persuada les autorités civiles allemandes d’instaurer le premier système d’enseignement public. Luther préconisait également que les autorités civiles obligent les enfants à aller à l’école. Au fil des ans, l’idée de Luther de rendre l’enseignement obligatoire s’imposa dans d’autres pays. Aujourd’hui, l’idée que chaque enfant doit aller à l’école est inscrit dans la loi de la plupart des pays et la Déclaration universelle des droits de l'homme affirme que l'éducation est un droit fondamental de chaque être humain.
L’éducation des sourds
L’enseignement aux sourds d’une langue inaudible est largement dû à trois chrétiens—l’abbé Charles-Michel de L’Épée, Thomas Gallaudet et Laurent Clerc. L’abbé de L’Épée était un prêtre qui inventa un langage des signes pour l’enseignement des sourds à Paris en 1775. Son objectif était que les sourds puissent entendre le message de Jésus.[3] Thomas Gallaudet et Laurent Clerc introduisirent la langue des signes de l’abbé de L’Épée aux États-Unis.
Laurent Clerc, né en France dans un petit village situé au nord-est de Lyon, perdit l’ouïe à l’âge d’un an. Il fréquenta l’Institut national des jeunes sourds de Paris et y devint répétiteur. Thomas Gallaudet était un prêtre épiscopalien américain qui voulait venir en aide aux sourds ; en France, il fréquenta l’école où Laurent Clerc enseignait, dans le but d’apprendre la langue des signes. Ces deux hommes décidèrent de se rendre aux États-Unis pour y ouvrir la première école pour sourds. Avant de retourner en Europe pour se perfectionner dans son travail avec les sourds, Gallaudet dit à une jeune fille sourde : « J’espère qu’à mon retour, je pourrai t’enseigner beaucoup de choses sur la Bible, sur Dieu et sur le Christ. » Les deux hommes fondèrent une école pour les sourds en 1817. En 1864, Edward, le fils de Gallaudet, fonda le premier collège pour sourds, qui devint en 1986 l’Université Gallaudet de Washington, DC.
On sait peu de choses sur les soins médicaux donnés aux aveugles au cours des premiers siècles qui suivirent la mort et la résurrection de Jésus. Au IVe siècle, les chrétiens géraient quelques établissements pour aveugles. En 630, un centre fut construit à Jérusalem. Au XIIIe siècle, le roi de France Louis IX (Saint Louis) fonda l’hospice des Quinze-Vingts pour recueillir les aveugles de Paris. Dans les années 1830, Louis Braille, un fervent chrétien français qui avait perdu la vue très jeune, mit au point une méthode permettant aux aveugles de lire. Il découvrit un système utilisé par les militaires qui incorporait des points en relief permettant de lire des messages dans l’obscurité. À partir de cette idée de base, il développa son propre système de points saillants qui permettait aux aveugles de lire. Sur son lit de mort, il déclara : « je suis convaincu que ma mission sur terre est terminée; j’ai goûté hier au délice suprême ; Dieu a daigné illuminer mes yeux de la splendeur de l’espoir éternel. »[4]
Il est communément admis que la plus ancienne université d’Europe est l’université italienne de Bologne, fondée en 1158. Elle se spécialisait dans le droit canonique (droit ecclésiastique). En Europe, l’université suivante fut l’université de Paris, fondée en 1200. À l’origine elle était spécialisée dans l’étude de la théologie, mais en 1270 on y ajouta l’étude de la médecine. Bologne devint la marraine de plusieurs universités en Italie, en Espagne, en Écosse, en Suède et en Pologne. L’université de Paris devint la marraine d’Oxford et d’universités au Portugal, en Allemagne et en Autriche. L’Emmanuel College, une faculté chrétienne au sein de l’université de Cambridge, devint la marraine de Harvard en Amérique.[5]
L’université de Harvard, l’une des plus réputées d’Amérique, fut fondée dans le but de former des ministres de l’Évangile. À l’origine, sa devise était La Vérité pour le Christ et pour l’Église (en latin, Veritas Christo et Ecclesiae). Elle fut fondée par l’Église congrégationnelle. D’autres universités américaines célèbres furent également fondées par des églises chrétiennes, comme l’université de Yale (congrégationnelle), l’université Northwestern (méthodiste), l’université de Columbia (épiscopalienne), l’université de Princeton (presbytérienne) et l’université Brown (baptiste).
On le voit, le christianisme a joué un rôle important dans l’histoire et le développement des établissements d’enseignement et des hôpitaux, et a ainsi contribué à faire du monde un endroit meilleur, et continue à le rendre meilleur aujourd’hui encore. Dieu a appelé les chrétiens de chaque génération à être « la lumière du monde. » Il a commandé à ses disciples : « que votre lumière brille devant tous les hommes, pour qu’ils voient le bien que vous faites et qu’ils en attribuent la gloire à votre Père céleste » (Matthieu 5.14–16.) Si chacun de nous s’emploie à faire connaître l’Évangile aux autres ; si nous apportons notre soutien, qu’il soit spirituel, matériel, ou les deux—aux personnes que le Seigneur met sur notre route ; si nous faisons notre possible pour transmettre l’amour de Dieu aux autres et contribuer à enrichir leur vie de toutes les manières possibles, notre témoignage et nos actes feront rayonner sa lumière telle « Une ville située sur une montagne » et attireront les gens à Lui (Matthieu 5.14)
Première publication : avril 2019. Adapté et réédité le 24 novembre 2025. Traduit de l’original par Bruno Corticelli.
Lu par Marcel Minéo.
[1] Alvin J. Schmidt, How Christianity Changed the World [Comment le christianisme a transformé le monde] (Grand Rapids: Zondervan, 2004).
[2] Martin Luther, “Preface,” Small Catechism, in The Book of Concord, [Petit Cathéchisme, in Formule de Concorde] ed. Theodore G. Tappert (Philadelphia: Fortress Press, 1959), 338.
[3] Harlan Lane, When the Mind Hears (New York: Random House, 1984), 58. Quand l’esprit entend (Paris 75005, Odile Jacob, octobre 1991)
[4] Etta DeGering, Seeing Fingers: The Story of Louis Braille [Des doigts qui voient : L’histoire de Louis Braille] (New York: David McKay, 1962), 110.
[5] Schmidt, How Christianity Changed the World, 187. [Comment le christianisme a changé le monde.]
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