octobre 24, 2025
[The Effects of Christianity: The Value of Human Life]
Peter Amsterdam
La vie, la mort et la résurrection de Jésus ont eu une influence considérable sur l’humanité au cours des deux mille ans passés depuis qu’Il a triomphé de la mort en ressuscitant pour offrir le salut au monde. Quand Jésus a donné sa vie pour que ceux qui croient en Lui puissent entrer dans une relation éternelle avec Dieu, Il a transformé la vie et la destinée éternelle de milliards de gens. À travers la vie de ceux qui ont cru en Lui et L’ont suivi, Il a apporté un formidable changement au monde entier, et le christianisme a fait du monde un endroit meilleur à bien des égards.[1]
Jésus naquit à une époque où l’Empire romain régnait sur une grande partie du monde connu. Il est donc naturel que les valeurs morales de Rome aient imprégné une grande partie de la société. Les Romains n’accordaient que peu de valeur à la vie humaine. La valeur d’une personne se mesurait en fonction de sa contribution au tissu politique de la société. On peut le voir dans de nombreux aspects du monde romain, par exemple dans les pratiques de l’infanticide, des jeux de gladiateurs, et du suicide.
A l’inverse, les premiers chrétiens considéraient la vie humaine comme sacrée, car ils croyaient ce que la Bible enseigne sur la valeur de la vie et que les êtres humains ont été créés à l’image de Dieu (Genèse 1.27). Le livre des Psaumes nous dit : « Pourtant, tu l’as fait de peu inférieur à Dieu, tu l’as couronné d’honneur et de gloire » (Psaumes 8.6).
Ils comprenaient que Dieu honorait la vie humaine en envoyant son Fils en tant qu’être humain : « Au commencement était celui qui est la Parole de Dieu. Il était avec Dieu, il était lui-même Dieu. Au commencement, il était avec Dieu. Celui qui est la Parole est devenu homme et il a vécu parmi nous. Nous avons contemplé sa gloire, la gloire du Fils unique envoyé par son Père : plénitude de grâce et de vérité ! » (Jean 1.1–2, 14).
Du fait que Dieu accorde une grande valeur à la vie humaine, les premiers chrétiens comprenaient que la vie devait être honorée et protégée. Cette vérité s’opposait frontalement à la culture et aux pratiques de leur époque, et l’histoire a montré que les chrétiens furent des agents de changement dans les pratiques suivantes.
L’infanticide et l’abandon d’enfants : le meurtre d’enfants nouveau-nés était chose courante dans le monde gréco-romain. On tuait les nourrissons pour différentes raisons ; par exemple, s’ils étaient nés difformes ou chétifs, non désirés ou parce que les parents estimaient qu’ils n’avaient pas les moyens d’élever l’enfant. Souvent, le moyen employé pour tuer un enfant non désiré était de l’exposer, c’est-à-dire d’abandonner le nouveau-né sur le bord de la route ou sur un tas d’immondices, parfois même dans un dépotoir.
Pour les chrétiens, l’infanticide était un meurtre, et les premiers écrits chrétiens condamnaient cette pratique. La Didachè (écrite entre 85 et 110 après J.-C.) stipulait : « Tu ne commettras pas d’infanticide. » Au cours des quatre premiers siècles de notre ère, les chrétiens n’avaient pas le pouvoir politique de mettre fin à l’infanticide couramment pratiqué à l’époque romaine, car ils étaient eux-mêmes persécutés et parfois même martyrisés. Toutefois, durant cette période, les chrétiens prenaient souvent des bébés abandonnés chez eux ou les plaçaient chez d’autres croyants qui s’occupaient d’eux et, souvent, les adoptaient. En 374 après J.-C., l’empereur Valentinien interdit formellement l’infanticide sous l’influence d’un évêque chrétien. Bien que l’infanticide n’ait jamais été complètement éradiqué de l’Empire romain, les chrétiens continuèrent à le condamner. Après la chute de Rome, lorsqu’au fil des siècles, de nouveaux pays se formèrent en Europe, l’infanticide cessa d’être une pratique courante ou légale.
Les combats de gladiateurs : Les combats de gladiateurs dans les jeux du cirque sont un autre exemple du peu de valeur accordée à la vie humaine dans l’Antiquité ; les combats de gladiateurs qui se battaient souvent jusqu’à la mort, étaient une forme de divertissement. Ces combats très populaires se déroulèrent dans les arènes de tout l’empire de 105 avant J.-C. à 404 après J.-C., dont le plus grand était le Colisée romain. On a estimé que durant cette période de 5 siècles, 500 000 personnes trouvèrent la mort dans le seul Colisée. L’empereur Trajan (98-117 après J.-C.) organisa des combats de gladiateurs qui durèrent quatre mois, au cours desquels plusieurs milliers de gladiateurs trouvèrent la mort sur les dix mille qui y participèrent – et ce, uniquement pour le divertissement des spectateurs. (Par la suite, les chrétiens persécutés furent martyrisés et mis à mort pour leur foi dans le Colisée.)
Les chrétiens de l’époque étaient consternés par ce mépris flagrant pour la vie humaine. Les dirigeants de l’Église condamnaient ces jeux qui versaient le sang humain et enjoignaient aux chrétiens de ne pas y assister. Au fil du temps, le christianisme se propagea et finit par devenir religion officielle quand l’empereur Constantin Ier promulgua l’édit de Milan en 313 après J.-C. Les empereurs chrétiens, comme Théodose le Grand et Flavius Honorius, finirent par interdire les combats de gladiateurs dans tout l’Empire romain.
Les sacrifices humains : Durant toute la période de l’Ancien Testament, nous lisons l’histoire de sociétés qui pratiquaient les sacrifices humains. Les sacrifices d’enfants étaient courants chez les adorateurs de Baal dans le pays de Canaan. Alors que les sacrifices humains étaient interdits dans tout l’Empire romain à l’époque de Jésus, les chrétiens y furent confrontés des siècles plus tard dans les pays païens. Par exemple, avant que saint Patrick n’évangélise les Irlandais, ceux-ci sacrifiaient leurs prisonniers de guerre aux dieux de la guerre, et leurs nouveau-nés aux dieux de la moisson.[2] Les sacrifices humains étaient chose courante chez les Prussiens et les Lituaniens païens jusqu’au XIIIe siècle. Cette pratique cessa grâce à l’influence chrétienne.
Le suicide : Dans la Rome antique, le suicide était souvent considéré comme un acte glorieux et était couramment pratiqué. De fait, de nombreux philosophes et écrivains romains célèbres, ainsi que des empereurs romains, se suicidèrent. C’était également un moyen de punir les gens ; c’est ainsi que les empereurs ordonnaient parfois à des personnes qui étaient tombées en disgrâce de « s’ouvrir les veines. » Bien qu’il n’y eût pour un citoyen romain aucune interdiction de mettre fin à ses jours, les esclaves n’avaient pas le droit de se suicider car ils avaient un statut de propriété, pas plus que les soldats sauf s’ils étaient encerclés par des ennemis sur le champ de bataille.
Les chrétiens prêchaient que puisque Dieu est le dispensateur et le créateur de la vie, Lui seul est habilité à mettre fin aux jours d’une personne. Les dirigeants chrétiens des IIIe et IVe siècles, comme Clément d’Alexandrie, Grégoire de Naziance et Eusèbe, s’opposèrent à la pratique du suicide. Les conciles ecclésiastiques du IVe au XIVe siècle s’y opposèrent également. Thomas d’Aquin écrivit qu’il était moralement répréhensible de mettre fin à ses jours du fait que c’était un péché contre la nature : chacun s’aime naturellement ; le suicide a aussi fait du mal à la communauté dont l’homme fait partie intégrante ; c’était un péché contre le don de la vie que Dieu nous a donné.[3]
Dans le monde romain de l’époque de Jésus, la vie humaine n’avait pas grande valeur. À notre connaissance, le meurtre et l’abandon d’enfants nouveau-nés ne suscitaient pas de réactions d’indignation. Le suicide n’était généralement pas considéré comme moralement répréhensible. Aller voir des gladiateurs s’entretuer pour se divertir était considéré comme normal. (Bien sûr, de nos jours beaucoup de films et d’émissions de télévision dépeignent la violence, la mort et le meurtre de façon très réaliste ; néanmoins, même si ce n’est pas sain spirituellement de voir ces scènes, la mort est jouée par des acteurs, ce n’est pas une mort réelle).
Dans l’Antiquité, la vie avait très peu de valeur. Toutefois, au fur et à mesure que le christianisme se répandit dans tout l’empire romain, la vie humaine acquit graduellement plus de valeur. L’idée que la vie humaine était sacrée et que le fait de prendre la vie d’un être humain innocent était moralement répréhensible commença à s’enraciner dans la compréhension des gens. L’impact du message chrétien au fil des siècles donna naissance à une compréhension morale de la vie humaine qui se propagea dans le monde entier et contribua à changer le monde.
Première publication : avril 2019. Adapté et réédité le 18 septembre 2025. Traduit de l’original par Bruno Corticelli.Lu par Marcel Minéo.
[1] Alvin J. Schmidt, How Christianity Changed the World [Comment le christianisme a transformé le monde] (Grand Rapids : Zondervan, 2004).
[2] Thomas Cahill, “Ending Human Sacrifice,” Christian History [“La fin des sacrifices humains”, Histoire chrétienne] 60 (1998) : 16.
[3] Thomas Aquinas, Somme Théologique (Westminster, MD : Christian Classics, 1948), 2 :1463
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