L’homme riche et Lazare

septembre 23, 2024

[The Rich Man and Lazarus]

Peter Amsterdam

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La parabole de l’homme riche et Lazare relatée dans l’Évangile de Luc compare les vies de deux hommes,—l’un riche, l’autre pauvre—depuis cette vie jusque dans la suivante. Jésus débute la parabole par la description de l’homme riche.

« Il y avait un homme riche, toujours vêtu d’habits coûteux et raffinés. Sa vie n’était chaque jour que festins et plaisirs » (Luc 6.19 BDS).

Cette brève description en guise d’introduction ne nous apprend pas grand-chose, mais les premiers auditeurs en auraient déduit certains éléments significatifs. Cet homme n’était pas seulement riche, il s’habillait tous les jours de vêtements de couleur pourpre que seuls les gens très riches pouvaient se permettre d’acheter. L’homme riche portait aussi du lin fin. Porter des vêtements de lin blanc sous des habits pourpres était la marque d’une grande richesse. De plus, il festoyait somptueusement tous les jours, ce qui semble indiquer qu’il recevait probablement des invités tous les jours, ou en tout cas très souvent. Ces détails, ici et plus loin dans l’histoire, indiquent que l’homme était très riche et qu’il ne se refusait rien.

« Un pauvre, nommé Lazare, se tenait couché devant le portail de sa villa, le corps couvert de plaies purulentes.Il aurait bien voulu calmer sa faim avec les miettes qui tombaient de la table du riche. Les chiens mêmes venaient lécher ses plaies »(Luc 16.20–21 BDS).

Dans la tradition de concision des paraboles, nous avons très peu d’informations concernant Lazare. Toutefois, un point qui mérite d’être souligné est que nous connaissons son nom. C’est la seule parabole de Jésus dans laquelle des personnes sont désignées nommément. Le nom Lazare est la forme grecque de l’hébreu Eliézer ou Eléazar, qui signifie Dieu est mon aide ou celui qui a l’appui de Dieu.

Lazare est tellement pauvre qu’il en est réduit à mendier sa nourriture. De plus, il est malade, couvert de plaies purulentes, et il ne peut pas marcher. Dans la Palestine du premier siècle de notre ère, il n’y avait pas d’agences ou de services gouvernementaux pour s’occuper des pauvres, de sorte que ces soins étaient prodigués par la communauté ou par des particuliers. L’aumône, les dons d’argent et de nourriture aux démunis, était la seule chose qui permettait aux gens comme Lazare de survivre.

Chaque jour, Lazare s’asseyait à la porte de l’homme riche parce qu’il savait qu’on y faisait des festins quotidiens et qu’il pourrait assouvir sa faim pour peu qu’on lui donne un peu de la nourriture jetée au sol.

Les chiens venaient lécher les plaies de Lazare. La plupart des commentateurs bibliques supposent que c’étaient des chiens sales et galeux qui trainaient dans la rue.

Lazare était dans un état pitoyable : il était incapable de marcher, couvert de plaies, il avait toujours faim et était assis jour après jour à mendier devant le portail de l’homme riche qui, apparemment, ne faisait pas attention à lui. C’était un paria, socialement et rituellement impur.

La parabole continue : « Le pauvre mourut, et les anges l’emportèrent auprès d’Abraham » (Luc 16.22 BDS ).

L’expression « auprès d’Abraham », ou « dans le sein d’Abraham », comme cela a été parfois traduit, exprimait l’état béni après la mort, comme le fait d’être à table avec les patriarches en Matthieu 8.11(BDS) : « Je vous le déclare : beaucoup viendront de l’Orient et de l’Occident et prendront place à table auprès d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, dans le royaume des cieux. »

Lazare, qui n’avait jamais été invité à un festin de l’homme riche et qui en avait été réduit à manger ce qui tombait de la table du riche, est maintenant attablé à la place d’honneur à côté d’Abraham, le père de la foi. L’homme riche, quant à lui, connaît un sort très différent.

« Le riche mourut à son tour, et on l’enterra. Du séjour des morts, où il souffrait cruellement, il leva les yeux et aperçut, très loin, Abraham, et Lazare à côté de lui. Alors il s’écria : « Abraham, mon père, aie pitié de moi ! Envoie donc Lazare, qu’il trempe le bout de son doigt dans l’eau et me rafraîchisse la langue, car je souffre horriblement dans ces flammes » (Luc 16.22–24 BDS).

L’homme riche dont on ne connait pas le nom est mort et a été enterré, sans aucun doute lors de funérailles somptueuses. Mais son existence est maintenant très différente de sa vie terrestre. Lui qui faisait bombance quotidiennement, en festoyant et en buvant du vin, est maintenant celui qui a besoin d’aide et dépend des autres. Il s’adresse à Abraham en l’appelant « mon père », espérant sans doute qu’en lui rappelant ses origines juives cela obligerait d’une certaine manière Abraham à lui venir en aide.

À ce moment précis de la parabole, nous avons la surprise d’apprendre que l’homme riche connaissait le nom de Lazare et qu’apparemment il savait que Lazare s’asseyait tous les jours devant son portail dans le plus complet dénuement. Pourtant, il ne manifeste aucun remords d’avoir complètement négligé Lazare ; au contraire, il demande à Abraham d’envoyer Lazare pour qu’il lui rende un service.

Mais Abraham lui répondit : « Mon fils, souviens-toi de combien de bonnes choses tu as joui pendant ta vie, tandis que Lazare n’a connu que des malheurs. À présent, ici, c’est lui qui est consolé, tandis que toi, tu es dans les tourments » (Luc 16.25 BDS).

Abraham ne lui répond pas durement ; au contraire, il l’appelle « mon fils ». Il demande à l’homme riche de réfléchir à la façon dont il a vécu et à toutes les bonnes choses dont il a profité, alors que Lazare n’a connu que des malheurs. Abraham lui rappelle que les richesses qu’il possédait ne lui appartenaient pas vraiment, mais que c’était un prêt de Dieu, et qu’il était censé en faire bon usage. Maintenant que sa vie terrestre est terminée, il est tourmenté à cause de ses actes dans cette vie.

Quant à Lazare, il est maintenant consolé. Après avoir vécu une vie très difficile, il est maintenant délivré de ses peines et de ses tourments. Désormais, il n’est plus abandonné de tous. Il a trouvé le réconfort éternel après sa mort.

Puis Abraham lui dit : « De plus, il y a maintenant un immense abîme entre nous et vous et, même si on le voulait, on ne pourrait ni le franchir pour aller d’ici vers vous, ni le traverser pour venir de chez vous ici » (Luc 16.26 BDS).

Même si Lazare avait voulu, dans un élan de compassion, tremper son doigt dans l’eau pour rafraîchir la langue de l’homme riche, cela n’aurait pas été possible. Lazare aurait été en droit de faire remarquer qu’il était absolument ridicule que l’homme riche demande qu’on l’envoie le soulager et le servir. Lazare n’avait-il pas souffert tous les jours devant le portail du riche sans jamais rien recevoir ? Pourtant, Lazare ne dit rien, comme c’est d’ailleurs le cas tout au long de la parabole.          

L’homme riche trouve alors une nouvelle mission pour Lazare. « Dans ce cas, dit alors le riche, je t’en conjure, père, envoie au moins Lazare dans la maison de mon père, car j’ai cinq frères ; qu’il les avertisse pour qu’ils n’aboutissent pas, eux aussi, dans ce lieu de tourments » (Luc 16.27–28 BDS).

Le riche, se rendant compte que la situation désastreuse dans laquelle il se trouve ne changera pas, demande que Lazare soit envoyé en mission pour avertir ses frères. Il voit bien que le même sort les attend, probablement parce qu’ils se comportent comme lui, en satisfaisant leurs plaisirs égoïstes, sans se soucier le moins du monde des gens qui sont dans le besoin.

« Tes frères ont les écrits de Moïse et des prophètes, lui répondit Abraham ; qu’ils les écoutent ! » (Luc 16.29 BDS). Abraham lui répond que les Écritures saintes, la Parole écrite de Dieu, sont suffisantes pour instruire ses frères à vivre dans la foi et mener une vie juste. Il ne tient qu’à eux d’écouter ces paroles, c’est-à-dire d’y obéir et de les mettre en pratique s’ils ne veulent pas finir comme leur frère qui vient de mourir.

Cette réponse ne plait pas à l’homme riche. Il a l’habitude que les gens fassent ce qu’il demande. Il se rebiffe et répond : « Non, père Abraham, reprit l’autre. Mais si quelqu’un revient du séjour des morts et va les trouver, ils changeront » (Luc 16.30 BDS).

C’est pour le moins ironique, vu qu’à ce moment-là l’homme riche voit lui-même une personne « revenue du séjour des morts »—en l’occurrence Lazare attablé avec Abraham—et qu’il ne manifeste aucune repentance. Pourtant, il est persuadé que si Lazare apparaissait à ses frères, ils se repentiraient.

Abraham lui fait savoir clairement que cela n’a pas de sens. « Mais Abraham répliqua : « S’ils n’écoutent ni Moïse ni les prophètes, ils ne se laisseront pas davantage convaincre par un mort revenant à la vie ! » (Luc 16.31 BDS).

Le riche demande qu’on envoie un signe à ses frères. Il est évident que l’homme riche savait que ses frères n’obéissaient pas à l’enseignement de la Parole de Dieu et qu’ils finiraient dans le même état que lui si on ne leur envoyait pas un signe. Mais Abraham lui répond qu’aucun signe ne leur sera donné, puisqu’ils ont accès à la Parole de Dieu et que c’est suffisant. Ils connaissaient suffisamment les Écritures saintes pour savoir ce qui, aux yeux de Dieu, constitue une conduite de vie juste et droite, et comment on doit traiter les pauvres.

La plupart des gens auxquels Jésus s’adressaient auraient tout d’abord supposé que l’homme riche était béni de Dieu et que Lazare était puni ; en effet, ils auraient pensé que la prospérité était une bénédiction de Dieu et que la pauvreté était une punition de Dieu. Jésus leur expliquait que ce n’était pas forcément vrai. La richesse n’est pas forcément le signe qu’on a été béni par Dieu ou qu’on est une personne juste ; de même que ceux qui sont moins bien lotis ou qui sont malades ou pauvres, ne sont pas punis ni jugés par Dieu.

La parabole montre aussi aux riches comment ne pas se comporter. L’homme riche connaissait bien Lazare et il était au courant de ses besoins, mais il était totalement indifférent à son sort. Il ne levait jamais le petit doigt pour lui venir en aide, même si, à l’évidence, il avait largement les moyens de le faire. C’est tellement facile de détourner le regard lorsqu’on voit un mendiant, surtout s’il a une apparence disgracieuse, comme c’est le cas dans la description frappante que Jésus fait des chiens léchant les plaies purulentes de Lazare. Au lieu de voir un être humain créé à l’image de Dieu, une personne que Dieu aime, il est plus facile de détourner le regard ; il est plus facile d’être indifférent et insensible à leur sort. Nous qui sommes chrétiens, sommes censés faire preuve d’amour et de compassion lorsque nous sommes témoins de la misère des gens qui sont dans le besoin.

Dans cette parabole, Jésus prend comme mauvais exemple un homme riche pour souligner le danger bien réel de laisser les richesses et les possessions exercer une mauvaise influence sur nous. Cela pose la question de l’importance que nous donnons à nos possessions matérielles et de l’usage que nous en faisons. Sommes-nous esclaves de notre argent et de nos biens matériels, ou bien les utilisons-nous pour la gloire de Dieu ?

Est-ce que nous vivons sans jamais rien nous refuser comme l’homme riche de cette parabole, ou est-ce que nous venons en aide aux autres ? Même si nous n’avons pas beaucoup d’argent à donner, faisons-nous notre possible pour aider ceux qui sont dans le besoin, par exemple en leur donnant un peu de notre temps, de notre attention ou en les aidant d’une manière ou d’une autre pour répondre à leurs besoins ? Quelle est notre attitude envers les pauvres et les nécessiteux ? Sommes-nous indifférents ? Est-ce que nous les regardons de haut ? Est-ce que nous les jugeons en nous disant qu’ils méritent d’être dans la situation où ils se trouvent ? Ou bien faisons-nous preuve de compassion et de bienveillance dans notre comportement ?

La parabole est également un avertissement adressé à ceux qui ignorent la Parole de Dieu ou la rejettent. L’homme riche ne croyait en rien, ou bien sa croyance était erronée. Il savait que ses frères étaient exactement comme lui. Il demande qu’on leur envoie un signe, mais Abraham lui dit qu’aucun signe ne leur serait donné puisqu’ils avaient accès à la Parole de Dieu. Dieu tenait l’homme riche responsable vu qu’il avait la Parole de Dieu à sa disposition, mais qu’il ne se conformait pas à son enseignement, comme en témoigne le fait qu’il ne traitait pas les pauvres comme l’exigent les Écritures saintes.

La façon dont nous nous comportons dans la vie a des répercussions sur notre avenir éternel. Nos actions, ou notre inaction, ont des répercussions non seulement dans notre vie actuelle, mais aussi sur notre vie éternelle. Nous devrions être vigilants et faire attention aux choix que nous faisons, à la manière dont nous vivons, à l’usage que nous faisons de notre argent et de nos biens matériels, et à la façon dont nous traitons les gens qui sont dans le besoin. La somme de nos décisions, de nos choix et de nos actes fait non seulement de nous ce que nous sommes aujourd’hui, mais déterminera aussi notre futur dans l’au-delà.

Nous qui sommes chrétiens sommes entourés par beaucoup de gens qui ne croient pas ou ne savent pas qu’il y a une vie après la vie. Ils ne comprennent peut-être pas que le fait de croire en la Parole de Dieu et de recevoir le salut par son Fils Jésus transformera leur vie dès maintenant et pour l’éternité. Nous avons le devoir de leur dire la vérité et de partager nos richesses spirituelles avec eux. Nous ne devrions pas nous comporter comme l’homme riche de la parabole, c’est-à-dire être satisfaits d’avoir des richesses spirituelles et ignorer les « Lazare » de ce monde qui sont dans le besoin, matériellement ou spirituellement.

Nous qui sommes chrétiens, possédons la chose la plus précieuse au monde—la vie éternelle et une relation personnelle avec Celui grâce auquel cela est possible, Jésus. Il y a des multitudes de gens venus de tous les milieux qui sont désespérément dans le besoin, et nous avons les richesses spirituelles de la foi, du salut, et de l’immense amour de Dieu à partager avec eux. Nous sommes appelés à faire tout notre possible pour leur apporter le réconfort et le salut.

Première publication : juillet 2014. Adapté et réédité le 9 septembre 2024. Traduit de l’original par Bruno Corticelli. Lu par Marcel Minéo.

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