Prier Dieu

août 10, 2023

 [Praying to God]

 Une compilation

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Aujourd’hui, les chrétiens tiennent pour acquis que Dieu est notre Père, mais peu de gens prennent le temps de réfléchir à la vraie signification de ce nom. Nous savons que Jésus a enseigné à ses disciples à prier « Notre Père » et que Abba (« Père ») est l’un des rares mots araméens employés par Jésus qui soit resté dans sa langue d’origine dans notre Nouveau Testament. De nos jours, presque personne ne trouve cela étrange, et beaucoup de gens sont étonnés d’apprendre que les Juifs de l’époque de Jésus, et même ses propres disciples, étaient troublés par son enseignement. ...          

L’affirmation de Jésus selon laquelle Dieu était son Père est rapportée pour la première fois lors d’un débat sur le jour de repos du sabbat. Jésus soutenait qu’il était légitime qu’Il guérisse des gens un jour de sabbat parce que, disait-Il, « le jour du sabbat est le jour du repos » : « Mon Père est à l’œuvre jusqu’à présent, et moi aussi je suis à l’œuvre » (Jean 5.17 SEM). Autrement dit, bien que Dieu se soit reposé le septième jour de son œuvre de création, son œuvre de préservation et, donc, de rédemption était toujours en cours. De plus, Jésus a associé son propre ministère à cette œuvre continuelle du Père...          

Les chrétiens appellent Dieu leur Père parce que Jésus a enseigné à ses disciples à le faire. Ce n’était pas pour souligner le fait que Dieu était leur Créateur (même s’Il l’était, évidemment), mais parce qu’Il était leur Rédempteur. Jésus avait une relation unique avec Dieu le Père et Il voulait la partager avec ses disciples. Durant son séjour ici-bas, Il a été très clair là-dessus. Il disait : « Celui qui m’a vu, a vu le Père » (Jean 14.9 SEM). « Moi et le Père nous sommes un » (Jean 10.30 S21). …          

On nous encourage à prier le Père et nous pouvons le faire parce que le Fils nous a unis à Lui par sa mort et sa résurrection (Galates 2.20). Par cet acte, Jésus nous a identifiés comme ses frères et sœurs. La différence, c’est qu’Il est le Fils divin et sans péché du Père par nature, alors que nous sommes des pécheurs adoptés par Dieu. Jésus Lui-même l’a dit on ne peut plus clairement lorsqu’Il a demandé à Marie-Madeleine, après sa résurrection, d’aller trouver ses disciples qu’Il a alors appelés ses frères, et de leur annoncer ce qui allait se passer : « Ne me retiens pas, lui dit Jésus, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va plutôt trouver mes frères et dis-leur de ma part : « Je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu » » (Jean 20.17 SEM).—Gerald Bray[1]

La personne de Dieu

Tout au long des Évangiles, Jésus appelle Dieu « Père » et, dans le Notre Père, Il enseigne à ses disciples à appeler Dieu « Père ». Pour certains, le fait d’appeler Dieu Père peut être offensant, sous prétexte que cela renforce les concepts du patriarcat et de l’assujettissement des femmes, et donc ils réclament la suppression de toute référence à Dieu en tant que Père. Le livre de Charles Talbert, Reading the Sermon on the Mount [Lire le Sermon sur la Montagne], explique bien la raison pour laquelle Dieu est appelé Père, et je vais donc en résumer ici certains passages.[2]          

Il existe deux conceptions du vocabulaire religieux dans les églises chrétiennes d’aujourd’hui. La première est une perception relationnelle, la seconde est politique. Le point de vue relationnel part du principe que la langue religieuse procède d’une relation continue entre le peuple de Dieu et Dieu. C’est semblable au langage utilisé dans les relations humaines. Quelqu’un peut dire des choses sur sa relation avec Dieu en des termes similaires aux termes que l’on emploierait pour parler de sa relation avec une autre personne.          

Considérer le langage religieux sous un angle politique c’est partir du principe que le langage religieux est une projection de la structure des relations humaines sur l’organisation du ciel et que, par conséquent, tout changement dans l’ordre social humain exige un changement correspondant dans la façon dont on parle du monde céleste. Dans cette optique, si l’on parle de Dieu en termes masculins comme Père, on considère qu’il s’agit d’une projection sur le ciel d’un système social patriarcal humain. C’est prétendre que le lexique paternel employé pour désigner Dieu est le reflet du monde patriarcal dans lequel la Bible a été rédigée. Cela suppose que la Bible a été écrite par des hommes et que pour cette raison Dieu est considéré comme masculin.          

La vision relationnelle du lexique religieux part du principe que la divinité transcende la sexualité, que Dieu n’est ni homme ni femme. Toutefois, les Écritures parlent de Dieu en termes genrés. Parfois, la Bible parle de Lui en termes féminins : « Mais maintenant, comme une femme qui enfante, je pousse des gémissements, … Une femme oublie-t-elle l’enfant qu’elle nourrit ? Cesse-t-elle d’aimer l’enfant qu’elle a conçu ? Et même si les mères oubliaient leurs enfants, je ne t’oublierai pas ! comme une mère qui console son enfant, moi aussi, je vous consolerai » (Esaïe 42.14 SEM; Esaïe 49.15 SEM; 66.13 BFC).          

Chaque fois que la Bible parle de Dieu au féminin, il s’agit toujours d’une analogie, d’une comparaison entre deux choses. Dieu est comparé à une mère, mais Il n’est jamais appelé « Mère ».          

Dans d’autres passages de l’Écriture, Dieu est évoqué en termes masculins, toujours par analogie. « L’Éternel sort, pareil à un héros, son zèle passionné le fait surgir comme un homme de guerre » (Esaïe 42.13 S21) ; ou désigné par une métaphore : « Mais toi, ô Éternel, toi, tu es notre père, et ton nom est depuis des temps anciens : « Notre Libérateur ».Et pourtant, Éternel, toi, tu es notre père. Nous, nous sommes l’argile, et tu es le potier qui nous a façonnés : nous sommes tous l’ouvrage que tes mains ont formé » (Esaïe 63.16 SEM; 64.7 SEM).          

Dans la Bible, Dieu est à la fois comparé à un homme (analogie) et appelé Père (métaphore). Jésus priait Abba, Père (Marc 14.36).          

Comment se fait-il que, dans les Écritures, on compare parfois Dieu à une mère, mais qu’Il n’est pas appelé mère, alors que Dieu est à la fois comparé à un père et appelé Père ? Il y a deux raisons principales à cela.          

La première est liée à la compréhension de ce qu’est Dieu par rapport à sa création. Dieu, qui est tout-puissant et au-dessus de la création, a tout créé à partir de rien et est donc distinct de l’univers. Certaines religions ou certains systèmes de croyance voient les choses différemment : ils considèrent que Dieu et la création sont une seule et même chose ou que la création fait partie de Dieu. En règle générale, les systèmes de croyance qui considèrent que Dieu n’est pas distinct de la création sont classés dans la catégorie du panthéisme.          

Dès le livre de la Genèse et tout au long de la Bible, Dieu est dépeint comme existant au-dessus et indépendamment de la création. Si, dans les Écritures, Dieu avait été appelé « Mère », il aurait pu y avoir un malentendu concernant la transcendance de Dieu. Le fait d’appeler le Créateur « Mère » dans l’Antiquité aurait été interprété comme une indication que la création avait été un processus d’enfantement et que, par conséquent, l’univers et tout ce qu’il contient faisaient partie de Dieu, ce qui voudrait dire que l’univers est intrinsèquement divin (panthéisme), au lieu d’avoir été créé par Dieu (théisme).          

Dieu s’est révélé aux auteurs de l’Ancien Testament comme Esprit et n’est donc ni male ni femelle. Cela étant, Il s’est métaphoriquement désigné comme un homme, respectant ainsi « l’altérité » de Dieu tout en évitant la perception que le monde a été « enfanté » et non pas créé. Cela nous permet d’avoir un rapport personnel avec Lui sans nous méprendre sur sa relation avec sa création.          

Une raison importante d’appeler Dieu Père découle de l’usage de Jésus. Dans les Évangiles, Jésus n’a pas seulement parlé de Dieu comme d’un Père, Il a également parlé à Dieu comme à un Père (Marc 13.32). Il a exprimé sa relation avec Dieu en usant du concept d’un Père aimant qui prend soin de ses enfants et les aime profondément, et Il a invité ses disciples à entrer dans une relation d’amour avec son Père.

Jésus a aussi dit on ne peut plus clairement que Dieu est Esprit (Jean 4.24) et donc qu’Il n’a pas de genre, mais Il a décrit sa relation avec Dieu en se servant du concept de Père : Il a appelé Dieu son Père et a invité ses disciples à appeler Dieu Père, eux aussi. Mais c’est une terminologie qui traduit le fait que Dieu est une personne et non pas l’affirmation d’une distinction de genre. Pour ceux dont l’expérience avec leur père leur pose un problème d’appeler Dieu Père, d’autres expressions peuvent être employées pour s’adresser à Dieu, comme Seigneur, Dieu, Tout-Puissant, Créateur, etc.—Peter Amsterdam

L’expérience Abba

Au cours de sa vie d’être humain, Jésus a fait l’expérience de Dieu d’une manière qu’aucun prophète d’Israël n’avait jamais envisagé ou osé imaginer. Jésus était habité par l’Esprit du Père et a reçu un nom pour appeler Dieu qui scandaliserait à la fois la théologie et l’opinion publique d’Israël ; le nom qui est sorti de la bouche du menuisier nazaréen est Abba.          

Les enfants juifs utilisaient ce terme familier et intime pour s’adresser à leurs pères, et c’est ainsi que Jésus Lui-même appelait son père adoptif Joseph. En revanche, comme terme pour désigner une divinité, c’était inédit non seulement dans le judaïsme, mais également dans toutes les grandes religions du monde. Joachim Jeremias a écrit : « Le fait de dire Abba, pour s’adresser à Dieu, est [...] une expression authentiquement originale de Jésus. Nous avons affaire à quelque chose d’entièrement nouveau et de stupéfiant. C’est là que réside la grande nouveauté de l’Évangile ».          

Jésus, le Fils bien-aimé, ne garde pas cette expérience pour Lui. Il nous invite et nous appelle à nouer la même relation intime et libératrice. Paul a écrit : « Car ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu. En effet, vous n’avez pas reçu un Esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la crainte : non, vous avez reçu l’Esprit qui fait de vous des fils adoptifs de Dieu. Car c’est par cet Esprit que nous crions : Abba, c’est-à-dire Père ! L’Esprit Saint lui-même et notre esprit nous témoignent ensemble que nous sommes enfants de Dieu » (Romains 8.14–16 SEM). …

Le plus extraordinaire cadeau que j’aie reçu de Jésus-Christ a été de connaître Abba. « Personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père ; et personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler » (Matthieu 11.27 SEM).—Brennan Manning[3]

Publié sur Anchor le 11 juillet 2023. Traduit de l’original par Bruno Corticelli.
Lu par Marcel Minéo. Musique de Michael Dooley.



[1] https://www.thegospelcoalition.org/essay/god-as-father. [Dieu en tant que père]

[2] Charles H. Talbert, Reading the Sermon on the Mount [En lisant le Sermon sur la Montagne ](Grand Rapids: Baker Academic, 2004), 113–15.

[3] Brennan Manning, Abba’s Child: The Cry of the Heart for Intimate Belonging L’Enfant d’Abba : Le cri du cœur pour Lui appartenir intimement](Tyndale House, 2014).

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