mai 9, 2023
[The Lord’s Prayer—Part 1]
Peter Amsterdam
Dans le Sermon sur la montagne, Jésus a indiqué la bonne attitude à avoir quand nous prions. Il a dit que nous ne devrions pas prier pour être remarqués par les gens et que si certains le font pour cette raison, leur seule récompense sera d’être remarqués par les autres, et ils n’en recevront pas d’autre. Puis Il a expliqué à ses disciples comment ne pas prier, avant de leur montrer comment prier en leur enseignant ce que nous appelons aujourd’hui le « Notre Père ».
Voici comment Il explique de quelle façon il ne faut pas prier : « Dans vos prières, ne rabâchez pas des tas de paroles, à la manière des païens ; ils s’imaginent qu’à force de paroles Dieu les entendra. Ne les imitez pas, car votre Père sait ce qu’il vous faut, avant que vous le lui demandiez » (Matthieu 6.7–8 SEM).
Il enseignait que les prières de ses disciples ne devaient pas ressembler à celles des païens romains et grecs, lesquels adressaient de longues prières à leurs dieux en s’imaginant que leurs prières pompeuses et fleuries étaient le meilleur moyen d’être entendus et exaucés. Au contraire, Jésus expliquait que les prières ne devaient pas consister en « un flot de paroles répétitives », en une litanie de phrases pompeuses et creuses ou, comme Il est cité dans d’autres traductions, « ne répétez pas inlassablement les mêmes choses comme les idolâtres. »
La compréhension que les anciens païens de l’Antiquité avaient de leurs dieux les portait à faire de longues prières verbeuses, car ils croyaient que cela prouverait leur sincérité et impressionnerait les dieux au point de les persuader de les exaucer. Les dieux étaient réputés pour être imprévisibles et facilement offensés. Ceux qui leur adressaient des prières étaient souvent anxieux et craintifs et, donc, ils croyaient qu’il était important de faire de longues prières fleuries et ampoulées pour gagner la faveur des dieux et les convaincre de répondre favorablement.
L’enseignement de Jésus sur la prière se fondait sur une compréhension complètement différente de l’essence et de la nature de Dieu. Le Père est aimant et miséricordieux, c’est « un Dieu qui pardonne, un Dieu compatissant et qui fait grâce, [Il] est lent à se mettre en colère et d’une immense bonté » (Néhémie 9.17). « Il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes » (Matthieu 5.45 S21).
Il est bienveillant, bon, juste et saint. Contrairement aux dieux païens, il n’a pas besoin d’être persuadé de faire quelque chose par des flatteries ou du verbiage, et on ne peut pas Le manipuler par des prières joliment tournées. Au contraire, comme Il est notre Père, Il connaît nos besoins et se réjouit de les satisfaire quand Il sait que c’est bon pour nous, comme le fait n’importe quel père qui aime ses enfants.
Jésus soulignait, comme Il l’a fait tout au long de cette partie du Sermon sur la montagne, que nos motivations et nos intentions ont une importance capitale lorsque nous jeûnons ou que nous offrons des dons et des prières. Il a condamné les longues prières publiques destinées à impressionner les autres, à la fois dans le Sermon et dans d’autres passages (Luc 20.46-47). Il a non seulement critiqué les longues prières, il s’est également élevé contre l’idée que l’on puisse manipuler ou instrumentaliser Dieu en faisant des prières pompeuses afin d’être exaucés.
Jésus insistait sur la bonne motivation de nos prières, par opposition à la mécanique de la prière. Il n’interdisait pas de faire de longues prières ; dans un autre passage de l’Évangile, nous lisons que « Jésus se retira sur une colline pour prier. Il passa toute la nuit à prier Dieu » (Luc 6.12 SEM). Il n’enseignait pas qu’il ne faut pas persévérer dans nos prières, une leçon qu’Il a d’ailleurs Lui-même enseignée dans la parabole du juge inique (Luc 18.1-8). Il n’enseignait pas non plus que nous ne devrions jamais répéter les mêmes mots en priant, ce qu’il a Lui-même fait dans le jardin de Gethsémané juste avant son arrestation (Matthieu 26.39-44).
Lorsque Jésus avait parlé plus tôt des prières offertes pour de mauvais motifs, Il avait évoqué les pharisiens qui s’arrangeaient pour se trouver dans la rue ou sur une place très fréquentée à l’heure de la prière de l’après-midi, en sorte que tout le monde les voie en train de prier. Ensuite Il a parlé de la bonne attitude à avoir dans nos prières en expliquant qu’elles devraient être secrètes, c’est-à-dire que l’on devrait se retirer avec Dieu, afin de se concentrer sur Lui et notre relation avec Lui quand nous prions. Puis Il a souligné les déficiences des prières dites mécaniquement—c’est-à-dire des prières qui ne sont que des répétitions monotones et vides de sens, qui ne sont pas sincères et qui ne procèdent pas d’une communion avec Dieu.
Jésus ne s’est pas contenté de dire comment ne pas prier ; Il nous a aussi appris comment prier en nous enseignant le Notre Père. Si nous nous plongeons plus avant dans sa signification, nous nous rendons compte que c’est une prière que nous pouvons réciter mais qu’en plus elle énonce un certain nombre de principes qui nous doivent nous guider dans notre manière de prier.
Jésus enseignait qu’on ne devrait pas prier parce que nous pensons que nos prières ou nos formules toutes faites nous obtiendront la faveur de Dieu, mais que la prière devrait être l’expression d’une confiance dans le Père, lequel sait déjà de quoi nous avons besoin et attend simplement de ses enfants qu’ils Lui disent qu’ils comptent sur Lui.
Ne vous inquiétez donc pas et ne dites pas : « Que mangerons-nous ? » ou : « Que boirons-nous ? Avec quoi nous habillerons-nous ? » Toutes ces choses, les païens s’en préoccupent sans cesse. Mais votre Père, qui est aux cieux, sait que vous en avez besoin (Matthieu 6.31–32 SEM).
Lorsque nous prions, nous communiquons avec Celui qui est tout-puissant, omniscient, totalement pur et saint, juste et plein de gloire—avec l’être le plus puissant qui existe. Certes, Il est tout cela et bien plus encore, mais Il est aussi notre Père qui nous aime inconditionnellement et qui, dans son grand amour, nous a permis d’entrer en sa présence par le moyen de la prière. C’est par la prière que nous communiquons avec Lui, que nous manifestons notre foi qu’Il est présent, que nous avons confiance en Lui et que nous avons une relation personnelle avec Lui.
Comment doit-on prier
Après avoir souligné à ses disciples que la raison d’être de la prière est de communiquer avec Dieu et d’entrer en communion avec lui, Jésus a enseigné à ses disciples (et à nous) une prière que nous pouvons dire dans nos moments de communion avec Dieu. Cette prière, communément appelée « le Notre Père » ou « la prière du Seigneur », est consignée dans le Sermon sur la montagne :
Priez donc ainsi : « Notre Père qui es dans les cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre-nous du Mal » (Matthieu 6.9–13).
L’Évangile de Luc rapporte également que Jésus a enseigné cette prière aux disciples, dans des circonstances différentes :
« Un jour, Jésus priait en un certain lieu. Quand il eut fini, l’un de ses disciples lui demanda :—Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l’a appris à ses disciples ! Il leur répondit : —Quand vous priez, dites : Père, que tu sois reconnu pour Dieu, que ton règne vienne. Donne-nous, chaque jour, le pain dont nous avons besoin. Pardonne-nous nos péchés, car nous pardonnons nous-mêmes à ceux qui ont des torts envers nous. Et garde-nous de céder à la tentation » (Luc 11.1–4 SEM).
Le fait qu’il existe deux versions différentes du Notre Père a donné lieu à des différences d’opinions parmi les spécialistes de la Bible pour déterminer quelle était la version la plus ancienne et la plus proche de ce que Jésus a enseigné, et pour savoir si Jésus voulait que l’on prie cette prière exactement comme Il l’a formulée. Sans entrer dans le détail des différences, nous pouvons supposer que Jésus a enseigné cette prière plus d’une fois et qu’Il a probablement présenté des versions légèrement différentes. Les différences entre les deux versions sont d’ailleurs mineures et ne les rendent en rien contradictoires.
Il existe également des divergences d’opinion quant à savoir si Jésus enseignait à ses disciples à réciter la prière telle qu’il la leur avait donnée, ou s’il indiquait quels aspects inclure dans nos prières en général. Les érudits qui estiment que Jésus enseignait qu’il fallait réciter cette prière textuellement fondent leur interprétation sur le passage de Luc où Il dit : « quand vous priez, dites... », en expliquant que ce passage signifie que l’on doit réciter cette prière en employant exactement ces mots-là.
Sur ce point particulier, Leon Morris a écrit : Il est probable que lorsque Jésus enseignait ces mots (sous l’une ou l’autre forme), il aurait été satisfait qu’on les utilise indifféremment d’une manière ou de l’autre. La tradition chrétienne a toujours considéré qu’ils convenaient, soit pour une simple répétition, soit comme un modèle pour une prière plus longue, soit comme base de réflexion (et d’enseignement) sur la prière et ses priorités ».[1]
Je suis d’avis que l’on peut légitimement réciter la prière textuellement ; elle nous donne aussi certains principes que nous pouvons appliquer à la prière en général, et nous être utiles dans nos prières personnelles. Certains peuvent se demander si, en général, la récitation de prières écrites est inférieure à une prière « personnelle ». Je crois que l’on peut réciter une prière écrite en s’appropriant les mots, et que cette prière sera toute aussi sincère que n’importe quelle prière personnalisée. Ce qui est important, en revanche, c’est que la prière vienne du cœur, quels que soient les mots employés.
Il est généralement admis qu’au fur et à mesure du développement de l’Église du IIe siècle, le Notre Père a progressivement occupé une place particulière dans le service hebdomadaire, et que les fidèles le récitait juste avant le sacrement de la communion. Cette partie du service était réservée à ceux qui avaient été baptisés et qui étaient croyants. Du fait le privilège de prier le Notre Père était réservé aux membres baptisés de l’Église, on l’appelait la « prière des croyants. »
Ainsi donc, l’un des trésors les plus sacrés de l’Église, le Notre Père, tout comme la Cène, était réservé aux croyants. C’était un privilège d’avoir le droit de le prier. Le respect et l’émerveillement qu’inspirait le Notre Père étaient une réalité dans l’Église ancienne. Cette prière est devenue plus banale aujourd’hui, mais le fait d’en apprendre davantage sur sa signification peut nous amener à l’apprécier davantage à sa juste valeur.
Première publication: juin 2016. Adapté et réédité le 20 avril 2023. Traduit de l’original par Bruno Corticelli.
Lu par Marcel Minéo.
[1] Leon Morris, The Gospel According to Matthew [L’Evangile selon Matthieu] (Grand Rapids: Eerdmans, 1992), 143.
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