Le pardon : un processus continuel

mars 10, 2020

 [Forgiveness: The Ongoing Process]

 Yvette Gladstone

 « Pardonne-nous nos torts, comme nous pardonnons nous aussi à ceux qui nous ont fait du tort. »[1] La première fois que j’ai entendu ce verset, ça m’a secouée intérieurement et j’ai éprouvé de la honte. Pourquoi ? Parce que je savais qu’il y avait des gens auxquels je n’avais pas pardonné. Pourtant, je voulais vraiment que Dieu me pardonne les choses stupides que j’avais faites et qui avaient blessé d’autres personnes. Je me suis même sentie en rébellion contre cette déclaration ; c’est pour cela que j’avais honte.

 

Je ne voulais pas que Dieu me pardonne comme j’avais pardonné aux autres, parce que je savais que je n’avais pas pardonné aux autres ! Mais je voulais que Dieu me pardonne, parce qu’Il est miséricordieux, et parce que j’en avais vraiment besoin, et que je regrettais ce que j’avais fait. Oui, mais ceux qui m’avaient fait du tort ne s’étaient pas excusés pour ce qu’ils m’avaient fait. Ce n’était pas juste ! C’est du moins ce que je pensais.

 

En m’agitant sur mon siège et avec un cœur troublé, j’ai prié et dit à Dieu que je trouvais ça injuste. Il m’a dit : « Ce que les gens M’ont fait n’était pas juste non plus », en évoquant sa mort sur la croix.

 

J’ai répondu : « Je suis vraiment désolé. Mais Tu es Dieu et Tu peux faire l’impossible. Moi, je ne suis qu’une faible femme qui fait parfois des choses stupides. »

 

Il a répondu : « Eh bien, je t’ai faite à mon image et à ma ressemblance, n’est-ce pas ? Donc, tu as ce qu’il faut en toi pour faire ce que tu dois faire. Je le sais, parce que je t’ai équipée pour cela. »

 

« Très bien. Je Te remercie, mais il faudra que ce soit Toi en moi qui leur pardonnes, parce que je ne me sens pas suffisamment forte pour le faire. Tu es ma force, Seigneur. Alors je T’en prie, fais-le à travers moi. Merci. »

 

Et depuis, il m’a aidé à pardonner à chaque fois ! Pardonner n’est pas chose facile, mais c’est possible avec son aide.

 

J’ai appris que le pardon était un processus continuel et, dans son amour et sa miséricorde, le Seigneur m’a donné quelques instruments pour me faciliter la tâche. Certains de ces instruments sont drôles, d’autres sont plus sérieux, et d’autres encore sont tout simplement du bon sens – quand on considère les choses d’une manière différente, peut-être comme Dieu voit les choses.

 

L’instrument drôle est le sens de l’humour. Le Seigneur me fait souvent penser à quelque chose de drôle au moment où j’ai besoin de rire un bon coup pour me détendre quand je prends une situation trop au sérieux. La Bible nous dit : « Un cœur joyeux est un excellent remède. »[2] Tout comme le médicament adapté peut contribuer à soulager nos maux et nos douleurs, et à favoriser notre guérison après une blessure ou une maladie, un cœur joyeux —un bon sens de l’humour—peut être très utile pour réconforter et apaiser notre cœur et notre esprit lorsque quelqu’un nous a fait du mal, intentionnellement ou pas.

 

Donc, lorsque j’ai été blessée ou froissée par quelque chose que quelqu’un a fait ou dit, un bon éclat de rire m’aide à me sentir mieux. Ensuite, ça m’est plus facile de pardonner. Non pas que le pardon soit quelque chose de drôle. C’est très sérieux, et absolument nécessaire ! Mais le Seigneur sait que j’ai besoin de toute l’aide disponible.

 

Je vais vous donner un exemple :

 

Une fois, je travaillais avec des nouveaux collègues et je n’arrivais jamais à faire les choses comme ils le voulaient. J’étais en colère contre eux et je m’apitoyais sur mon sort. Je me suis isolée pour prier et j’ai dit au Seigneur : « Bon, eh bien, s’ils ne m’aiment pas... » et avant que j’aie pu finir ma phrase, une petite voix m’a dit : « Je vais leur manger leurs frites ! » Quoi ?!

 

J’ai éclaté de rire ! Parce que tout à coup, je me suis souvenue d’une blague que feu mon mari (que Dieu ait son âme) et moi avions partagée. Voyez-vous, il y a des années, quand il commençait à apprendre l’espagnol dans un pays d’Amérique latine, il déjeunait avec de nouveaux amis, et alors qu’ils terminaient leur repas, il dit à son nouvel ami en mauvais espagnol : « Si tu ne m’aimes pas, je vais manger tes frites ! » Son ami est resté bouche bée ! Puis ils ont éclaté de rire parce que ce qu’il voulait dire, c’était : « Si tu n’en veux pas, je vais manger ces frites. »

 

Quoi qu’il en soit, cette bonne rigolade m’a permis de me détendre, et m’a aidée à pardonner à mes nouveaux collègues et à ne pas prendre les choses trop au sérieux.            

           

Un autre instrument est ce que j’appelle « 10 choses à pardonner. » C’est tiré de cette anecdote :

 

Le jour de ses noces d’or, ma grand-mère nous a révélé le secret de son long et heureux mariage. « Le jour de mes noces, j’ai décidé que je choisirais dix défauts de mon mari sur lesquels, pour le bien de notre mariage, je fermerais les yeux », a-t-elle expliqué. Un des invités lui a demandé de quels défauts il s’agissait. « À vrai dire, a-t-elle répondu, je n’ai jamais fait cette liste. Mais chaque fois que mon mari faisait quelque chose qui me rendait folle, je me disais : « Il a de la chance que ce soit une des dix choses que j’ai décidé de lui pardonner. »[3]

 

J’ai décidé d’appliquer cette mesure à tous les membres de ma famille, à mes amis et à mes connaissances.

 

Un autre instrument utile me vient d’une histoire attribuée à Corrie ten Boom, où elle compare le pardon à une grosse cloche d’église. Elle dit des émotions pénibles qui accompagnent le processus de pardon—comme le ressentiment, l’amertume, les souvenirs douloureux qui nous reviennent en boucle, etc. – que le processus du pardon c’est comme lâcher la corde qui fait sonner la cloche. Nous disons que nous pardonnons et nous lâchons prise, mais ces émotions négatives ne disparaissent pas d’un seul coup. La cloche continue de sonner pendant un certain temps, mais de loin en loin, de moins en moins souvent à mesure que le son diminue, jusqu’à ce qu’elle finisse par s’arrêter complètement.

 

Le cycle complet du pardon peut prendre un certain temps avant de s’achever, mais il finit par nous apporter la paix de l’esprit et le repos de l’âme. Dieu merci !



[1] Matthieu 6.12 BFC.

[2] Proverbes 17.22.

[3] Roderick McFarlane, in Reader’s Digest, Décembre 1992.

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