Les différences entre les Evangiles

juillet 22, 2019

 [Gospel Differences]

Peter Amsterdam

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Quand on lit les quatre Evangiles, on voit clairement qu’il existe des différences entre les récits, à la fois dans le contenu et dans la présentation. L’Evangile de Jean raconte l’histoire de Jésus sous un angle différent de celui des trois Evangiles synoptiques. Il passe sous silence plusieurs histoires relatées par les auteurs des synoptiques, alors qu’il rapporte d’autres aspects et d’autres paroles de Jésus que ceux-ci ne mentionnent pas. De plus, même si les Evangiles synoptiques présentent entre eux de nombreuses similitudes, il existe aussi des différences entre eux. Par exemple, dans le choix des événements qui sont rapportés, dans l’ordre de présentation des événements, dans les paroles et les actes de Jésus, ainsi que dans la façon dont les auteurs ont structuré leur présentation.

Toutefois, malgré ces différences, le message des quatre Evangiles est globalement le même : Jésus est le Fils de Dieu, le Messie annoncé dans les Ecritures de l’Ancien Testament, envoyé par son Père pour racheter l’humanité et ramener les gens à Dieu, dans une nouvelle relation, grâce à son sacrifice ultime et à sa résurrection.

Les auteurs des Evangiles ont écrit sous l’inspiration du Saint-Esprit, chacun ayant sa propre personnalité, ses antécédents, son contexte culturel, ses sources, son style narratif, et son auditoire, et tous ces aspects se reflètent dans chacun des Evangiles. Chacun raconte l’histoire de son point de vue personnel et sur la base de ses souvenirs, ou à partir de ce que leur ont rapporté des témoins oculaires (Matthieu et Jean ont probablement puisé dans leurs souvenirs personnels, tandis que Luc et Marc se sont appuyés sur les récits de témoins oculaires). Avec l’assistance du Saint-Esprit, ils ont présenté la vie et les enseignements de Jésus d’une manière qui convenait à leur style d’écriture et qui intéresserait le public auquel ils s’adressaient. Il est donc logique que les Evangiles présentent des différences entre eux.

Malgré ces différences, il faut bien comprendre que les auteurs rapportaient les témoignages de témoins oculaires – les leurs ou ceux d’autres témoins – et par conséquent, il faut s’attendre à ce que les récits diffèrent sur certains points de détail, comme c’est souvent le cas dans les récits de témoins oculaires. Devant un tribunal, les différents témoins oculaires sont rarement d’accord sur chaque point de détail ; et lorsqu’ils le sont, généralement, on considère que leur témoignage n’est pas fiable ou qu’ils se sont entendus pour tromper les juges et les jurés. En général, les récits de témoins oculaires diffèrent à des degrés divers et comportent ou, au contraire, passent sous silence, certains aspects mentionnés par d’autres témoins oculaires. Mais, pour autant, ces différences n’invalident pas leur témoignage.

Parfois, il arrive qu’un Evangile contienne un récit partiel ou abrégé d’un événement particulier ; mais même s’il ne donne pas tous les détails de cet événement, c’est quand même un récit véridique. Un jour, j’ai entendu une histoire qui illustre bien ce que je viens de dire : on demandait souvent à un jeune homme dans quelles circonstances il avait rencontré son épouse. Une fois, il dit qu’il l’avait rencontrée sur un divan, une autre fois il dit qu’il l’avait rencontrée dans un grenier, et une troisième fois, il révéla qu’il l’avait rencontrée au cours d’une étude biblique. Ces trois versions étaient toutes véridiques puisqu’effectivement il l’avait rencontrée chez un ami en s’asseyant à côté d’elle sur le divan d’un grenier où se réunissait un groupe d’étude biblique. Donc, lorsque l’on compare les différents récits de l’Evangile, Il faut garder à l’esprit qu’un rapport partiel n’est pas synonyme de rapport mensonger.

Les différences dans la façon dont les auteurs des Evangiles relatent l’histoire posent-elles un problème ? Est-ce à dire que le récit des Evangiles serait inexact ou fictif ? Absolument pas ! Chacun des évangélistes a raconté l’histoire de Jésus en ayant à cœur de partager la Bonne Nouvelle de l’identité de Jésus et de diffuser son enseignement, afin que les lecteurs puissent comprendre la merveilleuse œuvre que Dieu avait accomplie, et qu’ils croient en Jésus. Certes, les quatre auteurs des Evangiles ont raconté la même histoire, cependant, chacun d’eux l’a fait en mettant en avant les aspects particuliers qu’il souhaitait souligner ou mettre en lumière, et chacun d’eux a organisé son récit en conséquence.[1]

Par exemple, Matthieu insiste sur le fait que la venue de Jésus avait été programmée et prédite par Dieu dans les Ecritures saintes des Juifs (l’Ancien Testament) plusieurs siècles avant sa naissance. Les événements entourant la naissance de Jésus, sa vie, ses enseignements, ses miracles, et sa mort, furent l’accomplissement de prophéties précises documentées dans l’Ancien Testament. A onze reprises dans son Evangile, Matthieu mentionne ces prophéties et leur accomplissement.[2] Cela indique que son Evangile fut très probablement rédigé pour un public juif ou chrétien d’origine juive, et que c’est dans cette optique qu’il a organisé son récit afin d’amener son auditoire à la foi en Jésus.

Marc, qui a écrit l’Evangile le plus court, a abordé l’histoire sous un angle différent. Il n’a pas accordé une place très importante aux discours, comme l’a fait Matthieu. Sa présentation est davantage axée sur l’action. Son Evangile passe rapidement sur les différentes étapes de la vie de Jésus. Par exemple, le récit du baptême de Jésus, de l’Esprit qui descend sur Lui et de ses tentations dans le désert, tient en quatre versets. Matthieu a consacré seize versets à la même histoire, tandis que Luc en a consacré quinze. Chez Marc, on a l’impression que tout est intensité et action. Les choses se passent immédiatement. Dans l’Evangile de Marc, les gens courent.[3] 

Marc s’attache à présenter Jésus comme le Fils de Dieu. Il commence son Evangile par ces mots : C'est ainsi qu'a commencé la Bonne Nouvelle de Jésus–Christ, le Fils de Dieu,[4] et à la mort de Jésus, il rapporte ces paroles du centurion romain qui se tenait devant Jésus : « Cet homme était vraiment Fils de Dieu ! »[5]

Lorsqu’au cours de son procès, on Lui demande s’Il est le Messie, le Fils de Dieu, Jésus répond: « Oui, Je le suis ! Et vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout–Puissant et venir en gloire avec les nuées du ciel. »[6] Tout au long de l’Evangile de Marc, Jésus est présenté comme le Fils de Dieu qui a autorité et pouvoir sur la maladie, sur les démons, et sur la nature.

Luc insiste sur le fait que Jésus est venu pour tout le monde, y compris pour les non juifs. Siméon appelle Jésus « la lumière pour éclairer les nations »[7]. Luc mentionne la fois où Jésus a donné des exemples de non-juifs de l’Ancien Testament ayant bénéficié de la grâce de Dieu—la veuve de Sarepta et Naaman le Syrien.[8] Il nous montre un Jésus sympathisant avec des Samaritains et un centurion romain.[9] Luc met également l’accent sur le Saint-Esprit : le Saint-Esprit descend sur Marie[10] ; Jean Baptiste est rempli du Saint-Esprit[11], comme l’étaient sa mère et son père ; Jésus est rempli de l’Esprit d’une manière tout à fait unique, au moment de son baptême par Jean, et toute sa vie sera imprégnée de la présence du Saint-Esprit.[12]

L’Evangile de Jean présente Jésus comme Dieu incarné. Il est l’incarnation de la vie : En Lui résidait la vie, et cette vie était la lumière des hommes.[13] Il incarne la lumière : « Je suis la lumière du monde, dit–Il. Celui qui Me suit ne marchera pas dans les ténèbres : il aura la lumière de la vie. »[14] Il incarne la vérité: « Je suis le chemin, la vérité, la vie. Personne ne peut aller au Père autrement que par Moi. »[15]

Dans cet Evangile, Jésus est aussi l’expression personnelle de Dieu en tant que Fils. « Reconnaissez et comprenez que le Père est en Moi et que Je suis dans le Père. » [16] « Or, moi et le Père, nous ne sommes qu’un. »[17]

Certes, tous les Evangiles racontent essentiellement la même histoire ; cependant, chaque auteur raconte l’histoire à sa manière, si bien que nous avons quatre versions différentes de l’histoire de Jésus. D’ailleurs, même entre les Evangiles synoptiques de Matthieu, Marc et Luc, qui présentent de nombreuses similitudes, il existe des différences de lieux et dans l’ordre de narration des événements. Par exemple, Matthieu nous parle d’un sermon donné sur une colline, tandis que Luc nous parle du même sermon donné dans un endroit plat.[18] La façon dont le sermon est formulé, bien que similaire, n’est pas tout à fait la même. Lorsque nous lisons les Evangiles, nous devrions garder à l’esprit que les paroles prononcées par Jésus et les sermons qu’Il a prêchés, n’ont pas été enregistrés avant d’être transcrits. Par contre, il est plus que probable qu’ils ont été répétés à différents moments et dans différents endroits.

Comme les autres enseignants juifs de son époque, Jésus était un maître itinérant. Il voyageait de ville en ville suivi de ses disciples. Il prêchait et enseignait partout où l’occasion se présentait. Nul doute qu’Il a répété les mêmes sermons et enseigné les mêmes choses à maintes reprises et devant différents auditoires ; et même si c’était les mêmes sermons et les mêmes enseignements, il est peu probable qu’Il employait chaque fois exactement les mêmes paroles dans chaque endroit où Il allait. Ses disciples connaissaient probablement par cœur ce qu’Il disait, du fait qu’ils l’avaient entendu à maintes reprises, et il est probable qu’ils étaient capables de répéter très exactement ce qu’Il enseignait, même s’Il ne le formulait pas toujours de la même façon. Ce sont ces différences de formulation qui apparaissent dans les Evangiles.

Bien que chacun des auteurs des Evangiles ait mis l’accent sur différents aspects de l’enseignement de Jésus, ou ait rapporté dans son Evangile des faits et des témoignages uniques, il reste qu’ils ont tous écrit de merveilleux récits de la vie de Jésus qui ont inspiré des milliards d’êtres humains à entrer dans le royaume de Dieu. Puissions-nous apprécier à sa juste valeur chacun de ces récits qui ont transformé nos vies et puissions-nous les partager avec ceux dont Dieu nous amènera à croiser la route.

Première publication: mars 2015. Extraits réédités le 11 juillet 2019. Traduit par Bruno Corticelli.  



[1] Les commentaires sur les quatre Evangiles sont tirés d’Elwell and Yarbrough, Encountering the New Testament (Baker Publishing, 1998) [A la Rencontre du Nouveau Testament].

[2] Matthieu 1.22–23; 2.15, 17, 23; 4.14–16; 8.17; 12.17–18; 13.35; 21.4–5; 26.53–54; 27.9–10.

[3] Marc 5.6; 6.33; 6.54–55, 15.36.

[4] Marc 1.1.

[5] Marc 15.39.

[6] Marc 14.62.

[7] Luc 2.32.

[8] Luc 4.26–27.

[9] Luc 10.30–37, 7.2–10.

[10] Luc 1.35.

[11] Luc 1.15, 1.41, 1.67.

[12] Luc 3.22, 4.1, 4.14.

[13] Jean 1.4.

[14] Jean 8.12.

[15] Jean 14.6.

[16] Jean 10.38.

[17] Jean 10.30.

[18] Matthieu 5.1; Luc 6.17.

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