Ces bergers crasseux

décembre 20, 2017

 [Those Dirty Shepherds]

Par Maria Fontaine

Une de mes images préférées de Jésus, lorsque j’étais petite, était celle de Jésus le Bon Berger, qui porte un agneau dans un bras et tient sa crosse de l’autre main.

Peut-être notre image des bergers et de leurs brebis a-t-elle été formée sur le modèle de certains des plus célèbres bergers de Dieu dans la Bible, comme Abel, Abraham, Joseph, Moïse, le roi David, et Jésus, notre Bon Berger.

Mais cette image cache un aspect peu connu de Noël. On pourrait croire que ces bergers, qui gardaient leurs troupeaux sur une colline des environs de Bethléem, étaient des membres respectés de la société. Leurs contemporains ne les considéraient-ils pas comme des témoins fiables et honnêtes, des personnes respectables et dignes de confiance ? 

Sinon, pour quelle raison les anges leur auraient-ils confié un message aussi important que celui d’annoncer la naissance du Messie ? Qui d’autre que des personnages respectés par la société auraient été invités à se rendre auprès de Jésus et à L’accueillir à son arrivée sur terre pour accomplir la mission la plus importante de l’histoire humaine ? Ces bergers n’ont pas été simplement envoyés à la rencontre d’un émissaire du Dieu de l’univers. Ils ont été conviés à rencontrer Dieu en personne! Que peut-il y avoir de plus important ? 

Selon certains historiens, les bergers de l’époque étaient considérés comme étant tout au bas de l’échelle sociale. Le mot que les Pharisiens employaient pour les désigner a été traduit par « pécheurs » dans les bibles de langue française. C’était un terme péjoratif désignant des personnes viles et impures. Ils passaient leurs journées à s’occuper d’animaux, ils dormaient souvent à la belle étoile, entourés d’excréments et sans doute de maladies. Ils n’auraient pas été trouvés dignes d’offrir un sacrifice à Dieu, et auraient encore moins été considérés comme des personnages importants représentant l’humanité à la cérémonie donnée en l’honneur de son arrivée sur terre. Les bergers étaient méprisés par les gens « respectables », surtout par les Juifs religieux et l’élite d’Israël ; on les rangeait souvent dans la même catégorie sociale que les collecteurs d’impôts et les prostituées.

Si l’on se place du point de vue limité des hommes, Dieu envoya une bande de gueux crasseux et puants pour constituer le comité d’accueil de son Fils et annoncer la bonne nouvelle du salut à tous ceux qui voudraient l’entendre. Si l’on replaçait la scène dans le contexte du monde moderne, on dirait qu’un chœur d’anges est apparu à un groupe de sans-abris qui dormaient dans la rue sur des morceaux de carton ou campaient sommairement sous des bretelles d’autoroute. Dieu voit ce qu’il y a au fond du cœur de chacun. Peu Lui importe que quelqu’un soit vêtu de haillons ou de vêtements somptueux.

La Bible nous dit que les bergers se dépêchèrent d’aller voir le nouveau-né, donc ils n’eurent pas le temps de prendre un bain ou de mettre de beaux vêtements ; d’ailleurs, ils n’en avaient probablement pas.[1] Ils se dépêchèrent, comme ils étaient, d’aller voir directement leur Seigneur et Roi, et on imagine aisément qu’ils étaient tout excités de raconter leur expérience à Joseph et Marie, lesquels les accueillirent chaleureusement et à bras ouverts.

Pour quelle raison Dieu a-t-Il choisi les bergers ? Pourquoi a-t-Il accordé cet insigne privilège à des personnes qui, aux yeux des hommes, étaient indignes d’un tel honneur ? Peut-être savait-Il qu’ils étaient animés d’une foi pure et simple ? Ce serait eux qui courraient se prosterner devant le fils nouveau-né de Dieu, sans chercher à analyser ou à comprendre le pourquoi et le comment. Ce serait eux qui annonceraient la nouvelle à tous ceux qui voudraient l’entendre.

Non seulement Dieu honora les bergers, mais Il leur confia la responsabilité et le privilège d’annoncer la bonne nouvelle au monde. D’une certaine manière, Dieu commença dès cet instant le processus de formation de ses disciples, en confiant à ces bergers la tâche d’annoncer au monde la naissance du Sauveur.

Nous pouvons suivre l’exemple de Dieu, et témoigner en donnant généreusement le message de Jésus, sans nous arrêter à l’apparence des gens ou à leur statut social, ni à leur niveau d’instruction ou à d’autres détails de ce genre.[2] Certaines des personnes vers lesquelles Il nous guidera seront tellement reconnaissantes et heureuses d’apprendre la bonne nouvelle, comme le furent les bergers, qu’elles iront à leur tour dire aux autres ce qu’Il a fait pour elles pour les faire entrer dans son royaume. Laissez-Le toucher votre cœur et vous donner envie d’apporter son amour à ceux qui en ont besoin.

Première publication : décembre 2013. Réédité sur Anchor, le 18 décembre 2017. Traduit de l’anglais par Bruno et Françoise Corticelli.



[1] Luc 2.15–18

[2] Jean 7.24.

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