Christianisme contre-culturel

mars 27, 2017

 [Countercultural Christianity]

Compilation

Mais vous, vous êtes une race élue, une communauté de rois-prêtres, une nation sainte, un peuple que Dieu a libéré pour que vous célébriez bien haut les œuvres merveilleuses de Celui qui vous a appelés à passer des ténèbres à son admirable lumière —1 Pierre 2.9

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Chaque génération doit faire face au même problème, celui de conserver une influence culturelle ; dans ce monde en constante mutation, le débat a repris.

Dans le but d’attirer les non chrétiens, certains chrétiens copient simplement la culture. Ils deviennent une copie carbone de ce qu’ils perçoivent comme tendance dans l’espoir que les gens les trouveront – eux-mêmes et leurs organisations, leurs ministères et leurs églises – « cool », et seront intéressés. Malheureusement, cette poursuite de la culture populaire retire à l’église sa position historique de prophète dans la société. Fonder sa relation avec le monde en copiant le monde ne peut que mener au désastre.

La prochaine génération de chrétiens n’est pas séparatiste ni antagoniste, et elle n’ambitionne pas d’être « pertinente ». Au contraire, ils sont contre-culturels en faisant avancer l’intérêt commun dans la société. Les prochains chrétiens se voient comme le sel, des agents de préservation, travaillant activement à la restauration, au cœur d’une culture en pleine décomposition. Ils s’attachent à des gens et à des structures en péril, tout en faisant usage du pouvoir rédempteur du Christ qui travaille à travers eux. Ils comprennent qu’en se posant en  restaurateurs, ils défient les normes culturelles et vont à contre-courant de la tendance culturelle. Mais ils estiment qu’étant chrétiens, ils sont appelés à travailler en partenariat avec Dieu pour restaurer et renouveler tout ce qui, à leurs yeux, est en train de s’effondrer.

Paradoxalement, dans le contexte culturel actuel, non seulement cela amène plus de gens au salut, mais cela constitue aussi un témoignage qui glorifie Dieu, en montrant au monde son pouvoir de restauration à l’œuvre. C’est véritablement une bonne nouvelle pour le monde. Plutôt que de repousser la culture pour protéger une communauté chrétienne insulaire, ils se battent pour racheter le monde. …

Il n’est pas toujours évident d’avoir un engagement contre-culturel plutôt que de se mettre en retrait ou d’être « en conformité ». C’est difficile de vivre différemment. Quand on avance à contrecourant de la culture, cela provoque des frictions et des réactions hostiles vis-à-vis du bien que nous essayons de créer. Les théologiens Stanley Hauerwas et Will Willimon nous rappellent qu’il faut s’y attendre, car « lorsque des gens sont liés par leur loyauté envers un récit qui inclut quelque chose d’aussi étrange que le Sermon sur la Montagne, ils sont en conflit avec le monde. »

Pourtant, c’est le fait que nous maintenons cette orientation culturelle qui permet au monde de faire l’expérience de la puissance de restauration de Dieu, et ainsi les gens seront convaincus que notre foi est tout ce que nous affirmons qu’elle est, tout ce que Jésus a chargé ses disciples de faire. Comme nous le demande l’apôtre Pierre : « Ayez une bonne conduite au milieu des païens. Ainsi, dans les domaines mêmes où ils vous calomnient en vous accusant de faire le mal, ils verront vos bonnes actions et loueront Dieu le jour où Il interviendra dans leur vie.”[1]

La promotion d’une communauté contre-culturelle permettra-t-elle de restaurer l’âme du monde, de gagner les sceptiques à la cause du Christ, et de revitaliser notre foi? Nous devrons encore attendre pour le savoir. Pour l’heure, nous savons que Jésus lance un appel clair à la communauté chrétienne, appel à être le sel dans un monde en état de putréfaction et la lumière dans ses recoins les plus sombres. —Gabe Lyons[2]

La nouvelle nation de Dieu

Dieu a appelé son peuple une nouvelle nation, une nation sainte. Cela signifie une toute nouvelle culture, un tout nouveau mode de vie, un tout nouveau peuple.  Nous sommes issus de toutes les races et de toutes les religions, et nous avons des couleurs de peau différentes, mais nous sommes tous unis et un en Jésus-Christ, et ça c’est un miracle en soi.[3] Quels que soient notre nationalité, notre race ou notre pays d’origine, nous avons tous la même foi, le même amour, la même puissance qui produit des miracles, et nos vies sont pareillement transformées. 

Il y a beaucoup de gouvernements et de royaumes humains, mais un seul royaume de Dieu. Nous sommes un peuple qui n’a pas de pays permanent sur cette terre parce que nous cherchons la cité aux fondements inébranlables dont Dieu Lui-même est l'architecte et le constructeur.[4] Nous attendons un pays fondé par Dieu Lui-même, et ce n’est certainement pas une des nations qui existent actuellement. Même parmi les nations les plus chrétiennes du monde, aucune ne peut prétendre à être appelée son pays.

Nous sommes citoyens du royaume de Dieu ; c’est notre pays. Nous attendons un pays meilleur, un pays qui, grâce à Dieu, existe déjà dans notre cœur, le royaume des cieux ! C’est ça notre pays—le meilleur pays de tout l’univers, le seul pays qui n’a jamais persécuté les pauvres ni opprimé les faibles, un pays qui n’a jamais perdu une bataille, ni fait la guerre pour de mauvaises raisons !

Nous sommes des étrangers et des pèlerins ici-bas, des représentants de Dieu, les ambassadeurs de son royaume d’amour dont l’instauration est imminente, et c’est le plus grand royaume que la terre ait jamais connu. —David Brandt Berg

A ceci tous reconnaîtront

Dans certains cas, nous ne voulons pas que l’église soit contre-culturelle. Les églises s’adaptent à la culture de beaucoup de façons qui sont excellentes. Par exemple, c’est une bonne chose que, partout dans le monde, les chrétiens emploient un mot de leur langue locale pour dire Dieu….

La nécessité d’être contre-culturel est un thème central de la Bible. Jésus disait à ses disciples : « Vous n'appartenez pas au monde. »[5] Et Saint Paul disait aux Romains : « Ne vous laissez pas modeler par le monde actuel. »[6]Mais ce n’est pas évident de savoir comment l’appliquer exactement. Il existe un nombre ahurissant de cultures et de sous-cultures qui proclament et incarnent différentes idées, valeurs, et intuitions. Comment décider ce que nous sommes censés contrer?

La Bible nous dit clairement que la façon la plus éloquente pour les chrétiens de démontrer leur différence réside dans la nature de leurs relations les uns avec les autres. La façon dont les membres de la communauté chrétienne se comportent les uns avec les autres, leur façon de parler, et la chaleur de leur accueil, pour ne citer que ces aspects-là, font partie intégrante de leur témoignage pour Dieu. C’est ce que Jésus voulait faire comprendre à ses disciples quand Il leur disait : « À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : à l'amour que vous aurez les uns pour les autres. »[7] L’église primitive, à l’époque des apôtres, était célèbre pour le caractère distinctif de ses relations. Le mode de vie des premiers chrétiens – « Tous les croyants vivaient unis entre eux et partageaient tout ce qu'ils possédaient »[8] – était contre-culturel dans le contexte de la société romaine, stratifiée en fonction de la richesse. Selon un des enseignements fondamentaux de Paul aux Corinthiens, si les chrétiens veulent suivre Jésus, ils ont tous besoin les uns des autres—même si cela paraît improbable et que le monde les pousse à penser le contraire.

L’interdépendance, la capacité à l’adaptation, la communauté : voilà des idées que je ne peux m’empêcher de trouver contre-culturelles dans notre société contemporaine. —Jesse Zink[9]

Missionnés pour être des témoins

La notion particulière selon laquelle nous sommes « dans le monde sans appartenir au monde » se fonde sur la prière de Jésus, dans son discours de la Cène consigné dans l’Evangile de Jean. Jésus disait : « Ils n'appartiennent pas au monde, comme Moi-même Je ne lui appartiens pas », et « Comme Tu M'as envoyé dans le monde, Moi aussi, Je les y envoie. »[10]

Nous sommes envoyés dans le monde pour témoigner de notre foi et annoncer la bonne nouvelle que nous avons apprise en Christ. La paix est possible. L’amour est quelque chose de réel. Toute la création possède une dignité et est sacrée, et peut nous rapprocher de Dieu.

Ce témoignage d’amour nous coûte cher. Nous courons le risque d’être pris pour cibles ou d’être mal compris. Nous pourrions finir comme Celui que nous suivons, et ainsi nous devons embrasser la croix. Nous allons peut-être devoir payer le prix fort pour pouvoir proclamer des messages prophétiques. Après tout, le Christ est notre modèle d’une vie contre-culturelle au service de l’Evangile.

Dans sa prière consignée en Jean 17.22, Jésus déclare que la raison d’être ultime du mode de vie chrétien contre-culturel n’est pas d’amener la division ou la séparation, mais l’unité : « Je leur ai donné la gloire que Tu m'as donnée, afin qu'ils soient un, comme Toi et Moi, Nous sommes un. »

Alors que nous poursuivons notre vie contre-culturelle de chrétien, puissions-nous rester ancrés dans cette vision. Puissions-nous toujours nous rappeler que nous témoignons de l’amour du Christ de façon à manifester ouvertement l’union et l’amour qui se trouvent uniquement en Dieu. —Julia Walsh[11]

Publié sur Anchor le 14 mars 2017. Traduit de l’anglais par Bruno et Françoise Corticelli



[1] 1 Pierre 2.12

[2] http://qideas.org/articles/what-does-being-countercultural-look-like [être contre-culturel, à quoi ça ressemble ?].

[3] Galates 3.28.

[4] Hébreux 13.14; 11.10.

[5] Jean 15.19.

[6] Romains 12.2.

[7] Jean 13.35.

[8] Actes 2.44.

[9] https://jessezink.com/2013/11/28/what-does-it-mean-to-be-counter-cultural [que signifie être contre-culturel?]

[10] Jean 17.16, 18

[11] http://globalsistersreport.org/column/horizons/spirituality/world-not-it-thoughts-countercultural-christian-living-32581

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