février 25, 2016
Pour la plupart des gens, Dieu est une déduction logique, Il n’est pas une réalité. Il est une déduction tirée de preuves qu’ils considèrent comme acceptables ; mais Il reste un inconnu pour l’individu. « Il doit nécessairement exister », disent-ils « par conséquent, nous croyons qu’Il existe. »
D’autres ne vont même pas jusque-là; ils ne Le connaissent que par ouï-dire. Ils ne se sont jamais donné la peine d’y réfléchir par eux-mêmes, mais ils ont entendu parler de Lui et ont relégué la foi en Dieu dans un coin de leur esprit avec tout le bric-à-brac qui constitue la totalité de ce qu’ils croient.
Pour beaucoup d’autres, Dieu est un idéal, un autre nom pour désigner la bonté, ou la beauté, ou la vérité ; ou bien Il est la loi, ou la vie, ou encore la pulsion créatrice qui est à l’origine du phénomène de l’existence.
Ces différentes conceptions de Dieu sont nombreuses et diverses, mais tous ceux qui y adhèrent ont un point commun : ils ne connaissent pas Dieu personnellement. L’idée qu’ils pourraient Le connaître intimement ne leur a jamais effleuré l’esprit. Certes, ils admettent son existence, mais ils ne pensent pas qu’on puisse Le connaître au sens où l’on connaît les gens ou les choses.
Nul doute que les chrétiens vont plus loin que cela, du moins en théorie. Leur foi leur demande de croire en un Dieu personnel. … Néanmoins, pour des millions de chrétiens, Dieu n’est pas plus réel que pour les non-chrétiens. Ils essaient toute leur vie d’aimer un idéal et d’être loyaux envers un simple principe.
A l’opposé, et au-dessus de ce flou nébuleux, il y a la clarté de la doctrine biblique qui affirme que Dieu peut être connu par une expérience personnelle. Une Personnalité aimante domine la Bible, marche parmi les arbres du jardin et répand son parfum sur toutes ces scènes. Une Personne vivante est toujours là, qui parle, qui implore, qui aime, qui est à l’œuvre, et qui se manifeste chaque fois que son peuple a la réceptivité nécessaire pour recevoir cette manifestation.
La Bible considère comme une évidence que les hommes peuvent connaître Dieu avec au moins le même niveau d’instantanéité et d’immédiateté qui leur permet de connaître une autre personne, ou une chose qui entre dans leur champ d’expérience. Les termes employés pour exprimer la connaissance de Dieu sont les mêmes que ceux qu’on emploie pour exprimer la connaissance de choses physiques. « Goûtez et constatez que l'Éternel est bon. » « Myrrhe, aloès, cannelle embaument tes habits dans les palais d'ivoire. » « Mes brebis écoutent ma voix. » « Heureux ceux dont le cœur est pur, car ils verront Dieu. »[1] Et ce ne sont que quatre versets parmi de nombreux autres passages similaires de la Parole de Dieu. Et ce qui est encore plus important qu’aucune preuve écrite, c’est le fait que tout le message de la Bible va dans le sens de cette croyance.
Qu’est-ce que cela peut signifier, sinon que nous avons dans notre être intérieur des organes qui nous permettent de prendre connaissance de Dieu aussi sûrement que nous connaissons les choses matérielles par l’intermédiaire de nos cinq sens ? Nous appréhendons le monde physique en exerçant les facultés que nous avons reçues à cet effet, et nous avons des facultés spirituelles grâce auxquelles nous pouvons connaître Dieu et le monde spirituel, si nous obéissons à l’appel de l’Esprit et que nous commençons à en faire usage.
Comment se fait-il que [nous] en sachions si peu sur cette communion habituelle et consciente avec Dieu que les Ecritures veulent nous offrir? C’est tout simplement dû à notre scepticisme chronique. C’est la foi qui active nos sens spirituels. Quand la foi est défaillante, il en résulte une insensibilité intérieure et un engourdissement envers les choses spirituelles. C’est l’état dans lequel se trouvent un grand nombre de chrétiens aujourd’hui.
Un royaume spirituel existe tout autour de nous ; il nous englobe, il nous embrasse, il est là, tout près, à portée de notre être intérieur, attendant que nous le reconnaissions. Dieu Lui-même est là qui attend notre réponse à sa Présence. Ce monde éternel deviendra réalité pour nous dès lors que nous commencerons à admettre sa réalité.
Qu’est-ce que j’entends par réalité? Je parle de ce qui existe indépendamment de la conception ou de l’idée qu’un être doté d’intelligence peut en avoir ou s’en faire, et qui existerait même si aucune intelligence ne s’en faisait une quelconque idée. Tout ce qui est réel existe en soi et ne dépend pas d’un observateur extérieur pour valider son existence.
L’homme simple et sincère sait que le monde est réel. Il le retrouve dès qu’il reprend conscience à son réveil, et il sait qu’il ne l’a pas créé en y pensant. Il était déjà là à l’attendre quand il est arrivé, et il sait que quand il sera sur le point de quitter ce bas-monde, il sera toujours là pour lui dire au revoir au moment où il s’en ira. La profonde sagesse de la vie le rend plus sage que mille hommes qui doutent. Il a les pieds bien ancrés sur la terre, il sent le vent et la pluie sur son visage, et il sait que ce sont des choses réelles. Le jour, il voit le soleil, et la nuit, les étoiles. Les soirs d’orage, il voit l’éclair surgir des nuages noirs. Il entend les sons de la nature et les cris de joie et de douleur des hommes. Il sait que c’est réel. Le soir venu, il s’allonge dans la fraîcheur de la terre et il n’a pas peur que ce ne soit qu’une illusion ou que tout cela disparaisse durant son sommeil. Le matin, ses pieds fouleront la terre, l’azur du ciel sera au-dessus de lui, et les rochers et les arbres seront toujours au même endroit que lorsqu’il s’était endormi la veille au soir. Il vit dans un monde de réalité et s’en réjouit. Il étreint le monde réel de tous ses sens.
D’après notre définition, Dieu est réel, Lui aussi. Il est réel au sens absolu et final comme rien d’autre ne l’est. Toute autre réalité est contingente à la sienne. La réalité ultime c’est Dieu, qui est l’Auteur de cette réalité inférieure et dépendante, laquelle est la totalité de tout ce qui a été créé, y compris nous-mêmes. Dieu a une existence objective, indépendamment et en dehors de toute conception que nous pourrions avoir à son sujet.
Il convient également de clarifier le sens que l’on donne au mot reconnaître. Cela ne veut pas dire visualiser, concevoir, ou imaginer. L’imagination et la foi sont deux choses différentes. Non seulement elles sont différentes mais elles sont aux antipodes l’une de l’autre. L’imagination projette des images irréelles, créées par l’esprit, et tente de leur donner une réalité. La foi ne crée rien; elle reconnaît simplement ce qui est déjà là.
Dieu et le monde spirituel sont réels. Nous pouvons compter sur eux avec la même assurance que nous pouvons compter sur le monde familier qui nous entoure. Les choses spirituelles sont là (ou devrais-je dire ici), elles nous invitent à leur prêter attention et mettent notre confiance à l’épreuve.
Notre problème, c’est que nous avons formé de mauvaises habitudes de pensées. En règle générale, nous pensons que le monde visible est réel et nous mettons en doute la réalité de tout ce qui n’est pas visible. Nous ne nions pas l’existence du monde spirituel mais nous doutons de sa réalité au sens communément accepté du terme.
Le monde des sens s’impose à notre attention jour et nuit, tout au long de notre existence. Il est bruyant, insistant, et très démonstratif. Il ne fait pas appel à notre foi; il est là, il assaille nos cinq sens et exige d’être reconnu comme réel et accepté comme réalité ultime. Mais le péché a opacifié le cristallin de notre cœur au point que nous ne pouvons plus voir cette autre réalité, la Cité de Dieu qui nous entoure et brille de tous ses feux. Le monde des sens triomphe. Le visible devient l’ennemi de l’invisible; le temporel l’ennemi de l’éternel.
La croyance en l’invisible est au cœur de la vie chrétienne. L’objet de la foi chrétienne, c’est la réalité cachée.
Notre façon de penser erronée, influencée par la cécité de notre cœur naturel et par l’envahissante omniprésence des choses visibles, tend à créer une distinction entre le spirituel et le réel; mais en réalité, cette distinction n’existe pas. L’antithèse est partout : entre le réel et l’imaginaire, entre le spirituel et le matériel, entre le temporel et l’éternel; mais jamais entre le spirituel et le réel. Le spirituel est réel.
Si nous voulons nous élever et accéder à cette région de lumière et de puissance qui nous interpelle dans les écrits sacrés de la vérité, nous devons perdre …. cette habitude d’ignorer le spirituel. Nous devons détourner notre attention du visible et la porter vers l’invisible. Car la grande Réalité invisible, c’est Dieu. « Celui qui s'approche de Dieu doit croire qu'Il existe et qu'Il récompense ceux qui Le cherchent. »[2] C’est un des fondements de la vie de foi. De là, nous pouvons nous élever à des hauteurs illimitées. « Croyez en Dieu », disait notre Seigneur Jésus-Christ, « Croyez aussi en Moi. »[3] Sans le premier, le second n’est pas possible.
Si nous voulons vraiment suivre Dieu, nous devons chercher à être d’un autre monde. Chacun doit choisir son monde. Si nous, qui suivons le Christ, ayant tous les faits à notre disposition et sachant ce que nous sommes, choisissons délibérément le Royaume de Dieu comme sphère d’intérêt principale, je ne vois pas pour quelle raison quelqu’un aurait des objections. Si nous nous trompons, c’est à nos dépens; si nous y gagnons quelque chose, nous n’avons lésé personne en gagnant. L’“autre monde”, qui est un objet de mépris de la part de ce monde et un sujet de dérision dans les chansons à boire, est notre objectif soigneusement choisi et l’objet de notre aspiration la plus sacrée.
Mais nous devons éviter l’erreur courante qui consiste à repousser « l’autre monde » dans le futur. Ce n’est pas un monde futur, il est bien présent. Il côtoie le monde physique qui nous est familier, et les portes qui relient les deux mondes sont ouvertes. Et ce n’est en aucun cas un effet d’imagination, mais la pure réalité. L’âme a des yeux qui lui permette de voir et des oreilles qui lui permettent d’entendre. Sans doute ont-ils été affaiblis à la suite d’une inutilisation prolongée, mais maintenant le toucher du Christ les ravivera et les rendra capables de voir et d’entendre avec la plus grande acuité.
Quand nous commençons à focaliser notre attention sur Dieu, les choses de l’esprit prennent forme devant nos yeux intérieurs. L’obéissance à la parole du Christ débouche sur une révélation intime du divin,[4] qui aiguisera notre perception et nous permettra de voir Dieu, comme Il en a fait la promesse à ceux qui ont le cœur pur. Une nouvelle conscience de Dieu s’emparera de nous, et nous commencerons à goûter, à entendre et à ressentir intérieurement le Dieu qui est notre vie et notre tout en tout. Nous verrons l’éclat constant de la lumière qui éclaire tout homme venant dans le monde.[5] De plus en plus, au fur et à mesure que nos facultés s’affinent et se renforcent, Dieu deviendra pour nous le grand Tout, et sa présence sera la gloire et la merveille de notre vie.
O Dieu, ravive tout pouvoir en moi, afin que je puisse saisir les choses éternelles. Ouvre mes yeux afin que je puisse voir; donne-moi une perception spirituelle aigüe; permets-moi de Te goûter et de savoir que Tu es bon. Fais que le ciel soit plus réel pour moi qu’aucune chose terrestre ne l’a jamais été. Amen.
Extrait de “The Pursuit of God,”[La quête de Dieu] publié en 1957. Réédité sur Anchor le 9 mars 2012. Traduit de l’original anglais “Apprehending God”, par Bruno et Françoise Corticelli.
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