Notre Père Agit de Façon Merveilleuse

juillet 23, 2015

Par le Révérend John Powell

Le Révérend John Powell de l’Université de Loyola à Chicago, nous parle de sa rencontre avec Tommy, un étudiant de sa classe de Théologie de la Foi:

Il y a une douzaine d’années, j’étais dans une salle de classe, et j’observais la file de mes étudiants universitaires qui entraient l’un après l’autre pour assister à notre première session de la Théologie de la Foi.

C’est le jour où j’ai vu Tommy pour la première fois. Mes yeux et mon esprit se sont mis à cligner en même temps. Il recoiffait sa longue crinière blonde qui dépassait de ses épaules de 15 bons centimètres. C’était la première fois que je voyais un garçon avec des cheveux aussi longs. Je suppose que c’était la mode à l’époque. Je sais bien, au fond de moi, que ce n’est pas ce que vous avez sur la tête qui compte mais ce qui est dedans, mais ce jour-là, j’ai été pris au dépourvu et mes émotions ont pris le dessus. J’ai immédiatement classé Tommy sous la lettre ‘E’, comme étrange…voire très étrange.

Tommy se révéla être « l’athée de service » de mon cours de Théologie de la Foi. Il était constamment en train d’objecter, de sourire d’un air narquois, ou de nier la possibilité d’un Dieu/Père aimant inconditionnellement. Nous avons tous les deux cohabité dans une paix relative pendant un semestre, même si je dois admettre qu’il était parfois un véritable casse-pieds.

Quand il est venu me voir, à la fin de la session, pour rendre la copie de son examen final, il m’a demandé sur un ton cynique : « Pensez-vous que je finirai par trouver Dieu ? »

Je décidais sur le moment de lui donner le traitement de choc. « Non ! » ai-je dit catégoriquement.

« Pourquoi ? » a-t-il répondu, « Je croyais que c’était le produit que vous essayiez de nous vendre. »

Je l’ai laissé faire quelques pas en direction de la sortie et je l’ai interpellé : « Tommy ! Je ne pense pas que tu trouveras jamais Dieu, mais je suis absolument certain que Lui te trouvera ! » Il haussa légèrement les épaules et quitta ma classe et ma vie.

J’étais un peu déçu à l’idée qu’il n’ait pas saisi le sens de ma réplique spirituelle – Il te trouvera ! En tout cas, je trouvais que c’était une remarque intelligente. Plus tard, j’ai appris que Tommy avait obtenu son diplôme, et j’en ai été dûment reconnaissant.

Puis une triste nouvelle m’est parvenue. J’ai appris que Tommy souffrait d’un cancer en phase terminale. Avant que j’aie pu le retrouver, il est venu me voir. Quand il est entré dans mon bureau, son corps était terriblement dévasté et ses longs cheveux étaient tombés à cause de la chimiothérapie. Mais ses yeux étaient brillants et sa voix ferme, pour la première fois, je crois.

« Tommy, j’ai souvent pensé à toi; j’ai entendu dire que tu étais malade, ai-je lâché.

- Oh oui, très malade ! J’ai un cancer aux deux poumons. C’est une question de semaines. 

- Tu veux en parler, Tom ? ai-je demandé.

- Certainement, qu’est-ce que vous voulez savoir ? a-t-il répondu.

- Qu’est-ce que ça fait de mourir à seulement 24 ans ? 

- Eh bien, ça pourrait être pire. 

- Comme quoi ? 

- Eh bien, comme avoir 50 ans et n’avoir aucune valeur et aucun idéal, ou bien avoir 50 ans et penser que l’alcool, les femmes et l’argent sont les choses qui comptent le plus dans la vie. »

J’ai consulté mon classeur mental à la lettre ‘E’, où j’avais catalogué Tommy d’étrange. (Il semble que chaque fois que j’essaie de rejeter quelqu’un en le cataloguant, Dieu le réintègre dans ma vie pour m’éduquer.)

« Mais la raison pour laquelle je suis venu vous voir, me dit Tommy, c’est à propos de quelque chose que vous m’avez dit, le dernier jour de classe. » (Il s’en souvenait !) Il continua : « Je vous ai demandé si vous pensiez que je trouverai Dieu et vous m’avez répondu ‘Non !’ Ce qui m’a surpris. Puis vous avez ajouté : ‘Mais Lui, Il te trouvera.’ J’ai beaucoup réfléchi à cela, même si ma quête de Dieu n’était pas vraiment intense à ce moment-là. » (Mon bon mot. Il y avait beaucoup pensé !)

« Mais quand les médecins m’ont retiré une tumeur à l’aine et m’ont dit qu’elle était maligne, c’est là que je me suis mis à rechercher Dieu sérieusement. Et quand le mal s’est répandu dans mes organes vitaux, j’ai commencé à donner de furieux coups de poing contre les portes en bronze du paradis. Mais Dieu n’est pas sorti. En fait, il ne s’est rien passé. Avez-vous déjà essayé de faire quelque chose pendant longtemps et d’y consacrer beaucoup d’efforts, sans aucun résultat ? Ça vous vide psychologiquement, et de guerre lasse, vous finissez par abandonner.

Un jour, je me suis réveillé, et au lieu de lancer d’autres appels inutiles au-dessus de cette muraille de briques, en direction d’un Dieu qui pourrait être ou ne pas être là, j’ai laissé tomber. J’ai décidé de ne plus vraiment me préoccuper de Dieu, de la vie après la mort, ou de quoi que ce soit de semblable. J’ai décidé de passer le temps qui me restait à faire quelque chose de plus profitable. J’ai pensé à vous et à vos cours, et je me suis souvenu d’une chose dont vous aviez parlé : ‘La pire tragédie c’est de traverser la vie sans aimer. Mais il est presque aussi tragique de devoir quitter ce monde sans avoir dit à ceux que vous aimez que vous les aimiez.’

 Alors j’ai commencé par le plus difficile : mon père. Il était en train de lire son journal quand je me suis approché de lui en disant : ‘Papa ?’

- Oui, quoi ? a-t-il dit sans quitter son journal des yeux.

- Papa, je voudrais te parler. 

- Vas-y, parle. 

- J’ai quelque chose de très important à te dire. 

Le journal s’est lentement abaissé de quelques centimètres.

- Qu’est-ce que c’est ? 

- Papa, je t’aime … Je voulais simplement que tu le saches. »

Tom me dit cela en souriant, avec une satisfaction évidente ; il ressentait une joie secrète et réconfortante s’infiltrer en lui.

« Le journal a voltigé par terre. Puis mon père a fait deux choses dont je ne me souviens pas qu’il les ait jamais faites auparavant. Il s’est mis à pleurer et m’a serré dans ses bras. Nous avons parlé toute la nuit, même s’il devait aller au travail le lendemain matin. C’était un merveilleux sentiment de me sentir proche de mon père, de voir ses larmes, de sentir son étreinte, de l’entendre dire qu’il m’aimait. 

Ce fut plus simple avec ma mère et mon petit frère. Ils ont pleuré aussi avec moi, nous nous sommes serrés les uns contre les autres, et nous nous sommes dit des choses vraiment gentilles. Nous avons partagé ce que nous avions gardé secret pendant tant d’années.

Je ne regrettais qu’une chose : d’avoir attendu si longtemps. J’étais là, je commençais à peine à m’ouvrir à tous les gens dont j’étais vraiment proche. Et puis, un beau matin, je me suis réveillé et Dieu était là. Il n’est pas venu vers moi quand je le Lui ai demandé. Je suppose que j’étais comme un dresseur d’animaux qui tend un cerceau en disant : ‘Vas-y, saute ! Vas-y, je te donne trois jours, ou trois semaines, pour le faire !’

Apparemment, Dieu fait les choses à sa manière et en son temps. Mais l’essentiel était qu’Il soit là ! Il m’avait trouvé ! Vous aviez raison. Il m’a trouvé même après que j’ai cessé de Le chercher ! 

- Tommy, balbutiai-je, je pense que tu dis quelque chose de très important et de bien plus universel que tu ne l’imagines. Pour moi, du moins, tu dis que le plus sûr moyen de trouver Dieu n’est pas d’en faire sa possession, ou de Le considérer comme celui qui résout tous nos problèmes, ni comme un consolateur instantané en cas de besoin, mais qu’on Le trouve plutôt en s’ouvrant à l’amour. Tu sais, l’Apôtre Jean aussi a dit ça : Dieu est amour, et celui qui vit dans l’amour vit en Dieu, et Dieu vit en lui.

Tom, est-ce que je peux te demander un service ? Tu sais, quand tu étais dans ma classe, tu étais un véritable casse-pieds. Mais (dis-je en riant) tu peux te racheter maintenant …Voudrais-tu venir à mon cours de Théologie de la Foi et leur dire ce que tu viens de me raconter ? Si c’est moi qui leur parle, ce ne sera certainement pas aussi efficace que si c’est toi qui le fais. 

- Oh la la, j’étais prêt pour vous, mais je ne sais pas si je suis prêt pour votre classe. 

- Tom, penses-y. Téléphone-moi, si et quand tu te sens prêt. »

Quelques jours plus tard, Tom a appelé ; il a dit qu’il était prêt pour la classe, qu’il voulait faire cela pour Dieu et pour moi. Nous avons convenu d’une date, mais ça ne s’est jamais fait. Il avait un autre rendez-vous, bien plus important que celui qu’il avait avec ma classe. Bien sûr, sa vie ne s’est pas vraiment arrêtée avec sa mort, elle a seulement changé. Il a fait le grand saut, il est passé de la foi à la vue. Il a trouvé une vie bien plus belle que tout ce que l’œil humain a jamais vu et que l’oreille humaine a jamais entendu, ou que l’esprit de l’homme a jamais imaginé.

Peu de temps avant sa mort, nous avons parlé une dernière fois : « Je ne vais pas pouvoir venir dans votre classe, a-t-il expliqué.

- Je sais, Tom. 

- Vous allez leur parler à ma place ? Pouvez-vous … le dire au monde entier pour moi ? 

- Je le ferai, Tom. Je leur dirai, je ferai de mon mieux ! 

Alors, à tous ceux d’entre vous qui ont eu la gentillesse de lire cette simple histoire sur l’amour de Dieu, je vous dis merci de votre attention. Et à toi, Tommy, qui es quelque part dans les collines verdoyantes et ensoleillées du ciel – sache que je leur ai raconté, Tommy, du mieux que j’ai pu le faire.

Si cette histoire a un sens pour vous, s’il vous plaît, partagez-la avec un ou deux amis. C’est une histoire vraie, et je ne l’ai pas romancée pour la rendre plus intéressante.

Je vous remercie de votre attention.

Révérend John Powell, Professeur, Université de Loyola, Chicago.

Traduit de l’original anglais « Our Father Does Work in Wondrous Ways » par Jeff de Tahiti et Françoise Corticelli

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